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I often feel that we're all spinning slowly... like a mirror ball. Yes, we are all mirrors to each other. And so, it is the Light between us that I hope to help reveal and celebrate. /// J'ai souvent l'impression que nous sommes une boule disco qui tourne lentement. Nous sommes tous des miroirs pour les uns les autres. C'est donc la lumière qu'il y a entre nous que j'espère contribuer à souligner et à célébrer.

Wednesday, October 16, 2013

Tennis de Table de Charte


J'ai composé cet article il y a plus d'une semaine. J'osais espérer de le terminer avant de le mettre en ligne. Mais je n'atteindrai jamais le fond de la question. Alors voilà. Dial-arcticle:


Je démange! J'aurais besoin de me multiplier en 13 pour pouvoir étudier tout ce qui m'inspire et m'appelle...
Je veux vous parler de la Charte.

Quel tourbillon! On se polarise et on fait attention de ne pas trop haïr, ou encore on se garde du danger idéologique et on essaie de départager et de mieux comprendre. Le débat, s'il se déroule par le dialogue, a le potentiel de nous enrichir grandement. Si on se laisse au contraire glisser du côté du besoin de sécurité et de certitude, alors c'est la démagogie qui l'emporte. Le peuple en ressortirait affaibli, dépossédé de son pouvoir; et c'est l'élite parlementaire et technocrate qui s'en verrait encore une fois avantagée.
 

Ne refusant jamais le dialogue sur des questions de politique ou de culture, j'ai beaucoup discuté, dans les dernières semaines, des enjeuxque soulève la proposition de Charte des valeurs québécoises. Ce qu'il en ressort immanquablement, c'est la confusion. Notre raison nous mène au cul-de-sac. Les arguments et les considérations se trouvent des deux côtés de la question, si bien qu'on en finit par s'en remettre à l'approximation, au feeling, aux voeux que tout cette saga ne tourne pas trop mal...

 Les médias alimentent le débat. La population est invitée à s'exprimer. On cherche à y voir clair mais le malaise demeure...

Je vous offre mon cheminement car je n'ai que cela.
Ma première réaction fût la colère: de quel droit l'État se mêle-t-il de la liberté des citoyens? Racisme et islamophobie! Ingérence dans la vie privée!

Puis la tristesse:
Parce que la religion et la spiritualité sont bien différentes mais qu'on les met trop souvent dans le même bain. Parce que je ne vois aucun problème à ce qu'un être humain se prosterne devant plus grand que lui, cinq fois par jour. Personnellement, je trouve ça sain. Maintenant, prenons garde de lire ici plus que ce que j'ai écrit. Devant quoi se prosterner? Devant plus grand que nous. Point. Je me suis éloignée un brin, mais ce que je cherche à exprimer, c'est que je trouve ça dommage que la religion ait subit la corruption et la décadence du politique. Cela remonte à bien longtemps.
J'aurais aimé que la question de la Charte nous amène à discuter de la place de la spiritualité dans la vie collective. Malheureusement, on n'effleure à peine ce point que lorsqu'on recrache la formule: ''La religion devrait être une affaire privée''.
Je ne suis pas certaine de cela. Mais bon.  Premièrement, il faut débroussailler le spirituel de la religion. On pourrait aussi se questionner sur l'apport que pourrait avoir la religion dans nos vies si la règle d'or (One Love. Aime ton prochain comme toi-même, puisque nous sommes Un) obtenait plus de visibilité dans la médiation publique. Bref. 

Puis l'excitation:
Dans mon enthousiasme idéaliste et légendaire, je me suis réjouie qu'il y ait au moins la possibilité d'une conversation au sujet de la place de la spiritualité dans notre société. Ce qui est évident, c'est que l'histoire de mes ancêtres explique et excuse ce fervent rejet, et cette peur de la religion. Je parle du traumatisme qu'a causé l'Église catholique dans le Québec francophone. Je n'élaborerai pas là-dessus, vous connaissez l'histoire.

Je crois que c'est ici que j'ai pris la tangente du OUI. En prenant compte du ''patrimoine historique'', c'est-à-dire le traumatisme historique des Québécois, et en songeant à la force et à la forme particulière du mouvement féministe québécois, à ses luttes et à ses acquis encore récents (droit de vote depuis seulement 73ans), j'ai commencé à penser qu'en effet, l'idée d'une déclaration de laïcité s'inscrit plutôt bien dans le développement historique de notre État.

Non sans malaise je me suis mise à oser considérer les vertus d'une loi qui expliciterait et institutionaliserait ''les valeurs québécoises''.

Égalité des Femmes et des Hommes.
D'abord, ne parlons pas des inégalités qui subsistes dans notre propre peuple? Et que dire des cultures de sexualisation de la femme, à l'Américaine? Est-ce plus juste de sévir contre une femme voilée que contre le concepteurs des posters du jeu vidéos Grand Theft Auto qui tapissent la ville de Montréal?


Valeurs québécoises?


Et puis le problème c'est que je suis encore trop ignorante des exégèses du Coran pour pouvoir me prononcer sur les conclusions véritables de l'islam au sujet de l'égalité hommes-femmes.  Dans mon esprit, je suis capable de concevoir que le port du voile puisse relever d'une connaissance du profond pouvoir féminin: le voile servirait à protéger l'homme de ses pulsions que la femme attise de par sa beauté envoûtante... Hmm.
Mais je ne suis pas dupe. Je conçois aussi, et surtout, que ce genre de logique ne fait que déresponsabiliser l'homme et que cela perpétue et renforce sa domination. C'est une question que je tarde d'approfondir avec mes soeurs musulmanes. Pourquoi est-ce que la femme devrait faire tabou d'elle-même et prendre toute la responsabilité pour le manque de maturité sexuelle (et donc psychique) des hommes?!
La féministe en moi est solidaire avec ces milliards de femmes qui chaque jour subissent la torture, la domination et la peur, sans qu'aucune institution au pouvoir (des hommes) ne fasse ou ne dise quoi que ce soit. La féministe en moi comprend bien que le port du voile n'est PAS synonyme d'inégalité mais sait pertinemment que dans les faits, les oppresseurs et les politicos de nombreux pays musulmans ont malheureusement su co-opter ce symbole à des fins de domination. Le Prophète a certainement prôné l'égalité et la liberté des femmes. Les institutions ont avili sa Parole. Une histoire familière me direz-vous? L'Église catholique, et tous ses monarques alliés, ne firent pas bien mieux!
Bref, pour mettre fin aux représentations d'une inégalité encore bien réelle et pour mener la lutte qui nous importe de mener encore aujourd'hui, la féministe en moi serait plutôt tenté de dire: ici... on préfère ne pas prendre de chance. Ici, l'État donne l'exemple.


Une conclusion:
pourquoi ne donne-t-on pas la parole à ses femmes musulmanes, justement ?! Je sais très bien que je ne peux rien dans ce débat, étant non-musulmane. C'est toujours la même chose.
Mais comme j'aimerais que vous nous racontiez les raisons et les valeurs qui se cachent avec vous.

Mais on n'entend que des cris d'indignations, et pas beaucoup de pédagogie.

J'ai discuté avec quelques musulmanes, en Europe et ici au Québec, et je peux affirmer qu'elles portent le voile par choix et par foi. De ce fait, je n'arrive simplement pas à appuyer une loi qui marquerait autant l'exclusion.

''Mais la Charte s'applique seulement à la fonction publique!''
Euh...
La fonction publique du Québec comptait en mars 2011 environ 72 000 employés réguliers et occasionnels qui travaillent dans une vingtaine de ministères et environ soixante-dix organismes présents dans l’ensemble des régions du Québec. (...)
Les femmes sont maintenant au nombre de 32 199, soit 58,0 % de l’effectif régulier, tel qu’indiqué par les données de mars 2011. 
 Les femmes qui portent le voile (Il n'y a pas que le voile, je sais. Mais puisque c'est là notre représentation la plus vive du ''signes religieux ostentatoire'', je me résous à réfléchir à partir de ce point) devrait alors choisir: profession ou religion. Qu'elle absurdité!

Et vlan! Voilà que l'argument de l'égalité homme-femme fait une vrille et tombe à plat! En appliquant la Charte, l'État québécois brimerait le droit au travail de centaines, voire de milliers de femmes!


Tout pouvoir implique un rapport.
Et si le pouvoir du voile se trouverait d'abord dans une dynamique culturelle?
La croissance de l'islam découlerait-elle d'une réaction au pouvoir occidental?
Je pense aux mouvement anti-coloniaux Alégriens... (Un article intéressant, une source non-validée mais..)

À ce compte-là, le port du voile serait analogue à ma façon de me protéger contre les pouvoirs machistes et capitalistes en m'habillant de vêtements recyclés et passés de mode!

Or il demeure que le problème, c'est que le pouvoir politique et patriarcal s'est bel et bien emparé de l'islam pour contrôler des milliers de citoyens. Les dictateurs, les militaires et les rebels islamistes représentent une réalité dont les occidentaux sont tenu bien au informés.
La violence est un fait. Et notre indignation est justifiée.
Le fait de l'instrumentalisation reste à soulever.

Parlons alors d'instrumentalisation.

Ce qu'il y a d'absurde et d'incroyable dans la stratégie du Parti québécois, c'est qu'on n'aurait jamais cru qu'un parti contemporain puisse oser assumer de frôler le racisme de si près. Le nationalisme québécois est loin d'être à l'abris de la pente xénophobe, il suffit d'ouvrir le débât dans une rencontre familiale pour s'en rendre compte.  Mais dans le contexte actuel? Pourquoi jouer avec le feu? Pourquoi soumettre le peuple à une question si complexe et nuancée? Pourquoi prétendre faire appel à notre raison alors qu'ils savent pertinemment que notre psyché est fragile?  La psyché québécoise, mentalité de victime et de menacée. Réalité de victime et de menacée, certes, aussi.

Malheureusement il y encore beaucoup trop de Québécois en proie à la xénophobie... Le Parti Québécois manquerait-il à ce point de jugement?
Ou serait-ce plutôt une tactique électoraliste?
Vu d'un angle différent, la question fait encore son chemin.

Et si on osait ''mettre notre pied à terre''? Ce serait une petite victoire pour le peuple québécois. Et si on se prononçait au nom de valeurs universelles et dans une perspective d'avenir unifié? (La prétention messianique de toute nation impérialiste!)
Allez!
Dans 30 ans, on en parlerait plus! Ceux et celles qui choisissent d'immigrer au Québec le feraient en sachant qu'ils ne pourraient pas travailler dans ''la fonction publique'' et afficher leur religion. Ceux et celles qui viendraient s'établir au Québec en auraient fait le choix en toute connaissance de cause. La cause: la laïcité. (Au fait, pourquoi ne pas avoir conservé le terme ''laïcité''? Pourquoi y avoir donné une connotation nationaliste?)

Mais comment tracer la ligne de la laïcité? Est-ce que l'État est composé de ceux qui forment son corps professionnel, ou est-ce une entité abstraite existant au-dessus de nous? Dans un État constitutionnel, la bonne réponse est la seconde. Dans une république, l'État est composé des personnes qui forment son corps et son sang. De ceux qui y circulent et de ceux qui y bâtissent.

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Or sachons qu'il n'est pas nécessaire et qu'il est probablement non-souhaitable de confondre Nationalisme avec Républicanisme. (Merci Habermas.)











Friday, August 16, 2013

Interculturalisme québécois

Je me suis inscrite comme bénévole à l'école d'été de l'Institut du Nouveau Monde: ''une école de citoyenneté aux airs de festival pour les 15 à 35 ans''.

Parmi mes camarades anarchistes, il y a bien sur le débat sur le ''citoyennisme''; je vous mets un bon article sur le sujet : ici. Selon certains, la démocratie dite participative n'est qu'un leurre, un panacée qui soutient la légitimité de l'État et de ses corollaires: capitalisme libéral basé sur l'exploitation et l'inégalité des classes, oppression systémique, etc. La participation citoyenne opte pour la réforme et non pour la révolution, elle s'inscrit dans un modèle qui délègue le pouvoir à une classe dirigeante, laquelle, en ce monde capitaliste, ne peut qu'être liée, ouvertement ou non, à la classe des affaires). Bref, d'un point de vue radical, le citoyennisme nuit à la lutte pour la justice et l'égalité des classes.

En bonne balance, je me permets de verser de l'eau dans ce vin. La démocratie participative ne m'inspire pas particulièrement, d'une part, parce que je ne crois pas que nos dirigeants écoutent réellement. L'INM peut publier de jolis rapports de concertations populaires, il me semble que le gouvernement s'en contre-fou.

Par contre, je pense qu'il est parfaitement utile et nécessaire d'inviter le peuple à parler de politique, à apprendre l'implication, la conversation. Qui sait, plus on vivra l'expérience de l'assemblée et de l'organisation politique, de la mobilisation, de la démocratie directe, plus on réalisera qu'on a peut-être pas besoin de chefs politiques! (Encore ici, je ne suis pas certaine qu'il ne faille pas une forme quelconque de centralisation du pouvoir pour que mouvement ait lieu. C'est physique.)

Mais c'est d'interculturalisme que je voulais surtout parler aujourd'hui, puisque j'ai eu la chance de participer à la conférence de Gérard Bouchard (voir commission Bouchard-Taylor) ce matin.
Fait magique: j'ai hier soir fait la rencontre d'une femme qui écrit justement son mémoire sur les limites de l'interculturalisme (avec un débouché sur la puissance de l'art clownesque!!!)

J'étais donc impatiente d'entendre les propos de celui qui est en fait la référence sinon l'architecte premier du concept d'interculturalisme.

Le site de ce livre contient un bon r.ésumé: ici





Heureuse d'entendre que ce concept d'interculturalisme est un produit de la psyché québécoise.  Heureuse dans mes trippes, parce que tout ça s'inscrit dans une vision personnelle et dans mon analyse... (best-seller à venir...)

MAIS. Que d'imperfection!

Nous avons le devoir de questionner.  Je questionne donc:
Qu'entend-t-on par le mot ''culture'' ? Éternelle question!! Tout le monde peut s'oser à une réflexion générale: la culture c'est euh... ça passe par la langue, par l'histoire aussi. Bouchard nous parle de valeurs communes qui se sont forgées au fil d'expériences collectives singulières.  Lorsqu'on lui pose la question, il définit la culture nationale québécoise en citant 1) la défense de la langue française, 2) la notion d'affranchissement et 3) le culte de l'égalité et de la justice sociale. ''Ce sont là des valeurs absolument universalisables'', rajoute-t-il.

Si on me posait la question à moi, je proposerais aussi les valeurs de solidarité et du ''bâtir''. Bien que cette dernière idée doive absolument devenir sujette à la redéfinition.

Puis de suite, je questionnerais le concept de culture nationale. Car si la culture naît vraiment de l'expérience commune, il me semble que notre focus soit peut-être, en fait, mal placé. M.Bouchard lui-même le souligne: le concept de la nation fluctue dans l'histoire. Il sert différentes fonctions à différents moments.
Selon Bouchard, c'est un concept qui demeure très pertinent dans le contexte mondial et néolibéral actuel. M.Bouchard considère que la nation devra servir à nous protéger contre les perversions du néolibéralisme.  Il souligne qu'entre 1970 et 2000 le Québec a su non seulement conserver l'intégrité de l'État et de ses politiques sociales (vraiment?), mais que nous avons même vu une diminution de la pauvreté. Je n'ai malheureusement pas de sources à citer et je suis un peu sceptique, mais il existe apparemment une études sur le cas. Bref, l'État-nation aurait encore sa fonction.

La culture nationale servirait ainsi à permettre l'orientation du politique. Sans culture nationale, par de cohésion politique. Mais faut-il absolument relier nation et État ?

Et que faire de tous les autres phénomènes culturels qui composent nos sociétés contemporaines?

J'ai dernièrement commencé à réfléchir davantage sur les dynamiques inter-générationelles, par exemple. N'existe-t-il pas un fossé culturel plus large entre les personnes qui sont nées avant l'avenement du téléphone, les baby-boomers et les enfants de l'an 2000, qu'entre une Marocaine et un Salvadoréen de 25 ans qui étudient tous deux en Ingénierie environnementale ? Il me semble qu'on ne peut pas parler de valeurs et de cultures sans admettre que la mondialisation nous a menés à vivre des expériences transnationales.

L'interculturalisme est pris dans un paradigme d'État. Bouchard ne le dit pas comme ça, mais il y touche presque lorsqu'il admet que la question autochtone relève d'une autre problématique. Il aurait discuté avec des Innus et quelques autres qui se posent d'ailleurs la question: ''les autochtones sont-ils québécois?'' Bonne question! Les autochtones ont peine à établir un rapport de force politique avec ceux qui les ont volé. Se réclament-ils de l'État québécois ? Qu'on-t-ils d'autres ? (Beaucoup, mais on n'en parle pas!)

En terminant, j'aimerais encore une fois traiter de la psyché québecoise et de son insécurité. Car c'est malheureux à dire, mais c'est beaucoup ça la culture québécoise!

Je lui ai posé la question à notre M.Bouchard. ''Que pensez-vous de la possibilité, et même de la ... souhaitabilité pour le Québec de se sortir de la conception de ''majorité fragile'' (reprenant ses mots) et menacée?''

Sa réponse fut insatisfaisante mais intéressante:

''On ne peut pas nier ou se défaire du coefficient sociologique d'insécurité. Par contre, cela aussi fluctue dans l'histoire.  Prenez par exemple la révolution tranquille. À cette époque, les Québécois-es n'étaient pas du tout empreints du sentiment d'infériorité. Et qu'est-ce qui s'est passé?  Et bien ils avaient cessé de se regarder comme une minorité canadienne française au Canada et ils ont vu qu'ils étaient une majorité au Québec. À cette époque, les Québécois-es étaient fier-es.''

Note à moi-même: cette source de fierté-résilience-confiance à laquelle j'aimerais tant voir le monde de demain s'abreuver, et bien, elle a déjà coulé dans les parages. Je ne sais pas les nuances de la fierté québécoise de l'époque, et les temps (et les cultures) ont bien changés, mais au moins, grâce à cette perspective, je conçois l'espoir que le Québec ne s'enlise pas éternellement dans la peur et la victimisation.

L'interculturalisme, c'est s'ouvrir à la différence. Mais pour s'ouvrir à la différence et à l'Autre il faut d'abord arrêter d'avoir peur de soi-même.

Tuesday, August 6, 2013

Syndrome post-samsara

Étourdie, j'inspire.  Je me sens inspirée car je me suis arrêtée, un moment pour m'asseoir, et que la terre continue de tourner. C'est pour ça que la chose la plus difficile à faire est d'essayer de s'arrêter.
Et c'est que ça tourne là-dedans! Ça tourne, les pensées comme des singes qui junglent dans nos esprits, qui s'accrochent les unes aux autres; des idées, des théories. Des projections, dans toutes les directions.

Théories des systèmes, résolutions de problèmes complexes, il nous faut nos machines pour calculer ce qui se passe... mais pourquoi?  Calculer pourquoi? Pour prédire, pour... s'assurer?  Pour se rassurer? Se sécuriser? Est-ce que ça marche aujourd'hui?
Pseudo science. Néolibéralisme vampire et suicidaire. Avarice, cécité. Peur.

Trêve de lyrisme. Si je suis si particulièrement étourdie, c'est parce que j'ai écouté un film ahurissant ce soir, au théâtre de la Verdure, Parc Lafontaine.  La semaine dernière c'était Pina (!), ce lundi : Samsara.



Que dire? Quand on sait qu'une seule image vaut déjà mille mots!? Je ne vais pas pour entretenir de telle ou telle scène, je vous somme plutôt de laisser le film vous toucher. Nous en discuterons par la suite.

Et c'est de songer à toutes les personnes qui étaient présentes ce soir et toutes celles qui on vu ce film.  Quelles pensées, quelles associations surgissent dans leurs esprits? Quelles émotions surtout? Ça, j'ai le feeling que peut-être on se les partage celle-là. J'aimerais tant qu'on en parle! Pour le moment j'écrirai seulement que l'oeuvre me jète dans un abîme de complexité. Il me semble qu'aucun système de pensée philosophique ne pourrait désormais rendre compte du monde.


Alors on est tous là à se regarder dans le miroir, inconfortables.

Et je repense toujours au fait que cela fait à peine cinquante ans que la photo du Earth Rise a été prise. (Avec tout ce que ça symbolise dans la conscience collective de l'espèce humaine).

Ce sont cinquante années sur ... Ça dépend jusqu'où on décide de remonter! Disons 1537 ans depuis la chute de l'Empire Roman, 5000 ans depuis la fondation d'Ur, 65.5 millions d'années depuis la disparition des dinosaures. C'est quoi, cinquante ans?!


Et nous voilà aujourd'hui perchés, accrochés dans la stratosphère, reliés par des satellites qui se promènent comme des étoiles.

Nés poussières et nous retournerons poussière [d'étoiles].


Armés de caméras, obsédés par l'images et la représentation.



Nous photo-graphons. Nous marquons la lumière d'empreintes de nous-mêmes. Nous visons.



Combien de concepts pouvons nous encore créer?


















Sunday, August 4, 2013

''Présence Autochtone'', racines et aspirations


Je songeais à un truc...

Il leur fallait ''la foi'' pour survivre ces hivers, pour défricher et bâtir sur ces terres.  Il leur fallait une enceinte où produire de la chaleur humaine. Combien d'églises ont joué ce rôle rassembleur?  La religion catholique est partie intégrante de notre histoire et j'aimerais qu'on en discute.

Je ne parle pas verser nos économies dans la dîme des prêtres, de se laisser marcher sur la tête, ou de sacrifier nos corps pour la procréation de la race (bien que, comme je tiens toujours à le rappeler, il nous fasse aussi reconnaître que nous ne parlerions peut-être pas français aujourd'hui n'eût été de l'injonction de procréer ). Je ne parle surtout pas de poursuivre dans la voie de la négation de notre élan vital, de baigner dans la culpabilité et la peur. (Car nous devions aussi être ''sauvage'' pour apprendre à vivre ici.)


Je m'adresse au peuple québécois tout en m'adressant à tout le monde.





Cette semaine à Montréal se tenait la vingt-troisième édition du Festival ''Présence Autochtone''. Que dire...

Entre le sentiment malaisant que me procure ''La place des Arts'' et ses odeurs de Panopticon (ou comme si l'art pouvait se restreindre à des espaces choisis, prédeterminés, bétonnés, encerclés, commandités!), et la part de soulagement que je ressens à voir cette présence...
Un teepee moderne, géant, accroché à 40pieds dans les airs par une grue. Malheureusement la photo que j'ai prise est prisonnière de mon appareil photo qui est vraisemblablement kaput (émoticon triste) (Serait-ce le moment de m'offrir la caméra de qualité dont je rêve depuis un long moment?), mais la scène est génératrice de sens... (Quelques photos que je ne peux pas partager - vivement les Creative Commons- et qui vous donneront une idée se trouve sur le site de nul autre que... Loto-Québec, fier commanditaire! (Émoticon ''ironique'')

Je tergiverse tant! Ève, reviens dans le droit chemin.

Bref. J'ai adoré mon expérience de ce ''festival''.
1) Découverte de l'artiste Shauit, musicien et chanteur reggae, natif de Maliotenam sur la Côté-Nord: du rap-reggae en Innu! (Talk about reclaiming a language et prendre la parole!) 

2) Rencontre et conversation avec Yvan.  J'ai vu Yvan pour la première fois mercredi soir dernier, lors de la projection du film ''Ramer d'une seule voie'' ( Cliquez ICI pour le voir: ça vaut le 15minutes.) au Musée McCord.  Il était dans l'audience, tout simplement.  Dans le film, un drapeau que j'aperçois pour la première fois:



Vendredi soir donc, sur la place des Arts, le même drapeau.  Je m'approche pour m'enquérir un peu au sujet du symbole, etc.  Je me faufile dans la foule et me retrouve devant cet homme, Yvan, longs cheveux raides et noirs, yeux pétillants, ceinture fléchée et colliers traditionnels. Dans sa contenance par contre: la vibe d'un ''québécois''. Son accent, son nom, son aura.  Bref, j'apprends que le signe d'infini a été adopté par la communauté Métis.
'' On est tous issus du métissage.''
''Nos ancêtres se sont alliés. Les colons étaient des hommes et des femmes courageuses, notre culture est une culture de la terre d'ici, des conditions et des besoins d'ici.  Notre culture est remplie de la présence autochtone: nos canots, nos raquettes, nos textiles, notre courge et notre maïs, notre langue...  Notre emphase tend à porter sur l'inimité, sur la blessure et les autres facettes souffrantes de la colonisation.  Certes, il est essentiel qu'on se fasse ce devoir de mémoire.  Mais serait-ce possible que le temps soit venu pour outrepasser la grande blessure et pour entreprendre un dialogue qui continue d'aller de l'avant?

Un autre drapeau déjà aperçu: blanc avec un arbre dessiné dessus: La famille. ''Et ce drapeau-là, tu peux m'en parler un peu?'' ai-je demandé à Yvan.
''Ça c'est La famille. Ça veut dire qu'on est tous une famille et qu'on doit se rappeler ça, des racines vers le tronc, puis les branches, nos parents, d'autres branches, nous-mêmes, et nos enfants...''
''Et notre connexion avec la terre'' je rajoute.
Il me sourit. ''Oui'' ''Et y'a les racines surtout, parce que si on coupe les racines, l'arbre meurt.''
''Nos aînés, nos ancêtres...''

Euh...
Partage d'un ''pregnant silence'' (une belle expression que les anglophones utilisent). Et je lui confie, ''sauf que c'est justement quelque chose qui me fait peur; au Québec, cette relation défectueuse avec nos aînés, notre incapacité à conjuguer la ''vie moderne'' et le prendre soins de nos parents. (À ce sujet, un l'Institut du Nouveau monde entretient un dossier TRÈS intéressant: http://www.inm.qc.ca/a-propos/paroles-de-linm/la-declaration-des-generations-2011) Ça ne me donne pas beaucoup d'espoir.''

Yvan me regarde et me dit, d'un ton scintillant:  ''C'est pour ça qu'il faut qu'on regardes dans les yeux des enfants. C'est eux qui nous montre la Vie.''

Une conversation de quinze minutes, droit au fond des choses. Amen

Je n'ai pas fini ma tirade sur l'Église et la spiritualité au Québec.  C'est évidemment un travail en cours/ work in progress.  But you get the point...
J'ai dis qu'il fallait la foi.  J'aimerais qu'on parle du mot.

Église sur une réserve près de New Richmond, dans la Baie des Chaleurs.





Tuesday, July 23, 2013

Puisque tout est politique.

Un texte pouvant peut-être sembler un peu décousu.
C'est que le fil est transparent.
N'hésitez pas à commenter!



Une amie me racontait: ''Pour moi tout est politique.  Des fois... ça devient un peu fatiguant.''

Je me dis, en effet:
J'aimerais, par exemple, savoir comment prendre le temps
de prendre soins de jeunes plantes

Parce que 1) prendre le temps est un geste radical, à contre-courant du mode compétitif effréné dans lequel se vautre notre culture économique; et parce que  2) prendre soins est un geste radical et trop peu valorisé: ça ne fait pas partie du PIB!
S'appliquer, s'engager, s'efforcer à faire émerger la vie, à fournir la juste dose de tout ce qu'il faut pour que prennent racines: c'est radical. Imaginer une production alimentaire significative à même nos milieux urbain, faire respirer la cité-bitume, semer sur les toits de nos appartements, dans les craques des trottoirs, dans nos bacs à double-fond et nos jardins grimpants...
Ça requiert tout un engagement.

Cultiver.

Naturer.

Arrêtons de prétendre que nous ne comprenons pas ce qui nous arrive. Certes, encore aujourd'hui, tous les angles ne sont pas visibles.  Mais ne pourraient-on pas rendre compte de ce qu'on a appris et de ce qu'on continue d'apprendre? Je continue de croire qu'il nous faut créer des espaces dans lesquels on se permettrait d'explorer, c'est-à-dire de ressentir, les sentiments qui se rattachent à l'Histoire.

Reconnaître notre ignorance et notre vulnérabilité en tant qu'espèce. Intégrer ce que nous avons appris depuis Nietzsche, Freud, Fromm, etc. Célébrer le chemin parcouru. Considérer les motivations psychologiques derrière la tendance réactionnaire et la puissance grégaire. Expliciter le phénomène et se donner les outils pour ne plus commettre de telles violences.  Car c'est nous-même qu'on continue de mutiler.



Des outils comme le discours critique, ou comme la compassion! Nous sommes en train d'apprendre à nous émanciper.  Nous y oeuvrons maladroitement depuis 2500 ans (avénement de la philosophie occidentale. Le processus émancipatoire tient sans doute de bien plus loin...) L'apprentissage est là, étape par étape.

Ce qui me fait penser... aux Lumières!


Par exemple, pourquoi ne pas outrepasser la philosophie des Lumières? Questionner le libéralisme, la science moderne, le capitalisme industriel... l'État!  La philosophie des Lumières, ce n'était pas l'aboutissement de l'histoire, la ligne d'arrivée!  Pourquoi ais-je l'impression que ''la société en générale'' en est demeurée avec les idôles de ce temps? ''Liberté, raison, ... égalité''.  Le culte de l'individu et de sa supposée raison!  Démocratie?  ''Droit fondamental''?  Pourrait-on seulement continuer de porter une pensée critique sur ces Idées ?

Je ne suis pas la première à dire vouloir rappeler le lien qu'il existe entre l'État moderne et nos pires cauchemars: holocauste, hiroshima, génocide au Rwanda, corruption, violence policière, etc.  La justice et la liberté n'existent qu'en Idée. C'est autre chose qu'on choisit, il faut arrêter de se leurrer.  J'appellerais ça le Sentiment de Sécurité?

On le voit bien qu'il faut questionner!  On le sent, et c'est pour ça qu'on s'entre-mêle dans des tirades émotives et des rassemblements de peuple - tant de phénomènes que nous le savons voués à nous faire perdre la raison.

Rassemblons-nous alors!  Je sais que plusieurs philosophes contemporains sont derrière moi, entre autre parce pour ce qu'ils ont influencé ma vision du monde : Le sauvage, le non-ordre, le courant libre et créatif.. tout ça se doit d'avoir une place dans nos vies!
C'est dommage que la société québécoise du spectacle ait co-opté tout ça.



Le carnaval existait bien longtemps avant le cirque du soleil, le festival de Jazz de Montréal. Le carnaval existait avant Jésus-Christ, avant les Romains, avant Gilgamesh! Peut-être parce que l'être humain a bel et bien besoin de ces rites (de purification?), de cette intoxications, de cet ex-stasie (hors d'état).  C'est nécessaire, pour l'équilibre des choses.

Il y a une charge, une énergie, qui coure et constitue le flot des choses.  On ne perçoit que les presq'équilibres; on n'en sent que la tension, que la réverbération d'un mouvement minuscule qui devient séisme dès qu'on arrête de se tenir occupé.

Pourquoi, à quoi résister?
Quand on s'arrête de bouger, le cosmos lui tourne encore.
Résister au changement? Résister au status quo?
Les deux forment un tout.
(Y aurait-il un tierce élément à considérer?)

Bref.


Notre sensibilité est palpable.

Alors pourquoi nier?  Pourquoi tout enfouir?  Nos déchets et nos échecs, notre incapacité à gérer l'affaire. Les dépotoirs comme l'ombre de nos Lumières. Du matériel inconfortable à gérer, dont on préfère rester inconscient. Un barrage mental - qui a servi sa fonction - prêt à exploser.







''Je ne pense pas que je sois si politisée que ça''.
Mon amie était surprise.
 - ''Toi? Une fille qui étudie et qui va enseigner la science politique... et qui n'est pas politique!...Ah!''
On a bien rit.

Les cégeps existent depuis 46 ans.
Avant, la grande majorité des francophones du Québec
ne poursuivaient pas d'études au-delà du secondaire. Qu'est-ce qu'on a appris ?
Bien sûr que je suis politique.  Comme toi, je vois un système et je suis curieuse de le comprendre. C'est seulement qu'il y a quelques années j'ai aussi compris que mon intellect et mes efforts de logique servent d'abord à apaiser un feeling.  Je ne suis pas la seule.  Il faut en parler.

Tout est politique.

Alors je choisis de vivre en communauté et de chercher à définir le sens du terme, de créer des espaces de croissance et d'émancipation, d'enrichissement et de résilience.


Qu'il est sublime de voir un plant de haricots spiralé son chemin vers la lumière!







Wednesday, July 10, 2013

L'institut du nouveau monde, sur l'enseignement postsecondaire

L'institut du nouveau monde (INM) s'apprête à ouvrir son école d'été.  En furetant sur le site internet, j'y découvre une conversation intéressante sur l'enseignement postsecondaire au Québec... Ce qui est rafraîchissant, c'est qu'on y parle pas seulement d'argent, de financement et de gestion.  Finalement, voici un début de conversation sur la pédagogie...

Par ailleurs, je suis en train de mijoter sur un nouveau blogue qui sera concentré sur la pédagogie.  À surveiller dans les prochaines semaines..


Regard philosophique sur l’enseignement
Retour sur une expérience formatrice
Louis Dugal – pour l’INM – Juin 2013

Le comité de travail a pu bénéficier pour une deuxième fois de la présence du professeur de philosophie Louis Dugal, afin d’approfondir la réflexion de nos expériences dans le parcours scolaire québécois. Il faut se remémorer que dès la première rencontre, M. Dugal nous a amené à entrer dans le "senti" que nos expériences scolaires nous ont fait vivre afin d’y identifier les éléments marquants, dans le but de pouvoir en dégager les éléments de valeurs communes que nous désirons partager avec cette Charte.
Dans cette deuxième session de travail avec M. Dugal, ce dernier nous a présenté la mise en commun des conditions (qu’est-ce qui a participé à rendre notre enseignement possible) et des perspectives (ce que notre enseignement rend possible) de notre réflexion individuelle.

Plusieurs éléments ont été identifiés par rapport à la scissure entre le primaire/secondaire et les études post-secondaires. Les études primaires et secondaires de par leur caractère obligatoire, ne permettent pas la prise en charge de l’individu par soi-même. L’individu est près de sa communauté, où il passe de la valorisation parentale à communautaire (amis, professeurs, société). Il arrive trop souvent que les étudiants qui entament des études post-secondaires sont peu préparés à vivre cette expérience marquante : la séparation de son milieu d’origine (beaucoup d’étudiants doivent s’éloigner de leur région natale pour pouvoir continuer leurs études) ainsi que le manque de préparation au niveau méthodologique (trop d’insistance sur le "quoi" et pas assez sur le "comment" lors des études fondamentales) brusquent le passage du secondaire au collégial. À ce stade-ci, du collégial jusqu’aux études doctorales, les notions d’autonomie, de devoir envers la société, ainsi que la justification de l’apprentissage au niveau des impacts sociaux prennent de l’importance.

En passant par l’exercice de réflexion individuelle, nous avons pu constater que souvent ce que nous avons cru être une expérience unique et parfois difficile de l’éducation, était en fait une expérience partagée par la majorité des membres du comité de travail. Cette déduction nous a poussé à se questionner sur la représentativité de nos expériences au niveau de la population. Peut-on partir de notre expérience pour déduire celle des autres? Comment peut-on arriver à trouver impressions partagées par des centaines de jeunes au Québec?

La Charte sera publiée sous peu et nous attendons vos commentaires avec enthousiasme. Que diriez-vous de débuter l’exercice avec quelques expériences personnelles de votre parcours dans le système d’éducation québécois? Qu’est-ce qui vous a marqué et quelles sont les conditions cruciales de votre réussite jusqu’à maintenant?

Partagez-nous vos expériences en commentaire sur cet article, ou par courriel au chartejeunesse@gmail.com !

Monday, July 8, 2013

Mes bouquins, suivi de Rimbaud

Je suis debout devant ma bibliothèque et je regarde mes livres.  Je fais souvent cela. C'est un geste chargé..
Je regarde tous ces titres, ces ouvrages, ces richesses... et je flirt avec l'abysse tentation de plonger dans un verre d'eau à moitié vide: comment pourrai-je jamais mémo... absorber tout ça ?!

J'ai passé les sept derniers mois à réfléchir sur la pédagogie, l'apprentissage, la cognition, ''l'acquisition de connaissances''... la méta-cognition.  (Finalement un nom pour ce qui me passionne... m'enfin, l'une des choses qui me passionnent...).  





J'ai toujours aimé étudier le contenant en même temps que le contenu.

Comment aider les étudiants à apprendre? Pardon! Je devrais plutôt dire ''à développer des compétences''?  Pour ça, j'ai des tonnes d'idées!
D'ailleurs, j'aurais tellement voulu pouvoir tenir mon blogue durant les sept derniers mois passés au microprogramme en enseignement! Parce que j'en ai eues des réflexions et des réalisations! J'en ai eues... des bribes de révolutions. 
Le temps, l'espace, et ma psyché ne m'ont pas permis de tenir journal.  J'ai préféré laisser mijoter en me disant que je finirais bien par créer un nouveau blogue dédié à la pédagogie.

Mes puisque l'intention qui alimente Fool of Love est d'être et de partager l'ensemble de mes expériences autant émotives/affectives que réflexives/analytiques, je me permets cette fois à nouveau d'explorer et de laisser place à ce moi décousu.  

Je fais l'inventaire de mes bouquins. J'en ai lus la plupart, au cours les dix dernières années. Ces bouquins, ils ont contribué à faire l'être que je suis aujourd'hui.

Assise devant ma bibliothèque.  J'imagine enseigner la philosophie...

Comme j'aimerais pouvoir mémoriser tout ça!
Pouvoir en discuter avec éloquence
Par exemple.
Épistémologiquement parlant, 
vous raconter tout ce que je comprends;
Ou empiriquement... tout ce que je ressens.
Empiriste ou rationnaliste transcendantaliste?
Phénoménologiquement, définitivement, existentialiste.
L'Anarchisme est-il/elle vraiment un humanisme?

D'avoir lu toutes ces oeuvres... Pour me construire un monde.  Pour me représenter ''le monde''.
Comme j'aimerais pouvoir expliquer tout ça! 



Je compte bien élaborer davantage sur le thème de la pédagogie, sur les contenus et sur les contenants, et sur les vases communicants.

Mais pour ce soir, une pause.  On dira que c'était une introduction.


Parmi mes livres...

Poésies d'Arthur Rimbaud 
(Derniers vers/ Une saison en enfer/ Illuminations) 
Édition parue au Livre de Poche, Librairrie Générale Française, 1972. 


Extraits donc, d'un poème de Rimbaud.

Pour Annabelle,
 et pour Guillaume.
Et pour la poésie, oubliée.



Comédie de la soif

1. Les parents

Nous sommes tes Grands-Parents
 Les Grands!
Couverts des froides sueurs
De la lune et des verdures.
Nos vins secs avaient du coeur!
Au soleil sans imposture
Que faut-il à l'homme?  boire.

Moi - Mourir aux fleuves barbares.

Nous sommes tes Grands-Parents
    Des champs.
L'eau est au fond des osiers: 
vois le courant du fossé
Autour du château mouillé.
Descendons en nos celliers;
Après, le cidre et le lait.

Moi - Aller où boivent les vaches

Nous sommes tes Grands-Parents
    Tiens, prends
Les liqueurs dans nos armoires;
Le Thé, le Café, si rares.
Frémissent dans les bouilloires.
--- Vois les images, les fleurs.
Nous rencontre du cimetière.

Moi - Ah! tarir toutes les urnes!


2. L'Esprit

Éternelles, Ondines, 
     Divisez l'eau fine.
Vénus, soeur de l'azur, 
      Émeus le flot pur.

Juifs errants de Norvège,
    Dîtes-moi la neige.
Anciens exilés chers, 
    Dîtes-moi la mer.

Moi- Non, plus ces boissons pures;
        Ces fleurs d'eau pour verres;
Légendes ni figures
        Ne me désaltèrent; 

Chansonnier, ta filleul
        C'est ma soif si folle,
Hydre intime sans gueules
       Que mine et désole.

(...)
p.141-42

Monday, July 1, 2013

Road Trip en Gaspésie!



Une semaine d'accumulation de vermeilleux moments. Ou, dans les mots de la dame qui nous a jazé sur le quai de Marsoui: pure grâce.


Trop pleins donc mes esprits pour que je puisse vous raconter en détails.. quoique j'aurais aimé.


Je vous offre quelques milles mots sous forme d'images...


Un rosé frais, ça goûte le coucher de soleil aux abords du fleuve.


...


La première phase de l'aventure fut de longer la rive sud du fleuve avec ma chum Maude (collègue pédagogue en science po) en visitant le plus de cégeps le long de notre route!



Cégep de Rivière-du-Loup, lieu mythique car mon père y aurait vraisemblablement vécu les plus belles années de sa jeunesse.

 Objectif: Cap-au-Renard. Population: euh... genre... une vingtaine de maisons.  Raison de notre visite: Myriam, une amie de Maude, y a loué une petite maison pour l'été afin de prendre le temps et l'espace pour vivre simplement, et rédiger ses travaux de fin de session.

Nous nous sommes donc retrouvé à cinq filles... oh! mais nous sommes tellement plus que cela! Plutôt.. cinq anarcho-féministes ''radicales'' - si l'on s'ose à l'étiquettage.  Cinq femmes intellos (nice!) cherchant à suivre le battement de leur coeur sur les sentiers de leurs réflexions.  Cinq penseures (oui oui) sachant pertinemment la sagesse du corps et le besoin urgent de l'intégrer dans la lutte.
Les opinions divergent, une éthique de la conversation et de la communication reigne.  Cinq femmes vivant ou ayant vécu l'expérience de la vie en collectif.  Des bonnes bouffes, et systématiquement, le partage des responsabilités pour que la vaisselle se fasse et que l'endroit demeure ce qu'on y recherche: l'espace, le temps, la liberté, la solidarité, l'inspiration.

Sommet du Mont Xalibu, Parc National de la Gaspésie.

Questions politiques à l'honneur: la souveraineté du Québec versus l'obsolescence du concept même d'État.  Centralisation et décentralisation, ordre et chaos, besoin des masses de déléguer versus oppression et violences systémiques comme fil conducteur de l'histoire telle qu'occultée par ceux qui l'écrivaient jusqu'à récemment.  La révolte et le corps.  Toutes nos relations, le polyamour, la sexualité et les apprentissages qui balisent notre aventure.

Top 3 des meilleures Saint-Jean-Baptistes de mon histoire: fête au village! Messe dans la petite chapelle suivie d'un repas de ''bines'' et pain, d'une heure ou deux de chansons populaires accompagnées à la cuillière, ET, pour clore le tout, d'une activité de danses en lignes!!
Ce qui me marque le plus, mis à part l'environnement sublime qui nous entoure, c'est l'humanité des gens, Gaspésiens... et néo-Gaspésiens.  Je songe aux voisins avec qui j'ai conversé, à ceux qui m'ont parlé de la vie aux abords de la mer-fleuve, de la maison qu'ils y ont bâtie, de la famille qui les a accompagné ou qu'ils ont laissé pour vivre au bout du monde, du climat, des hivers, de l'économie des régions, des saisons.  Mais ce qui m'emplit de grâce, ce ne sont pas tant les thèmes de nos conversations que l'énergie profondément authentique qui leur sert de courant. 
Comme si...
Ici, on a le temps et l'espace pour écouter.  Ça semble banal mais ce ne l'est pas.  En ville, on est si pressés (dans tous les sens du mots) qu'on ne sait plus comment se présenter, authentiquement.  Notre énergie appellée dans toutes les directions et on se sent bientôt morcellés, des ''dividus'' à prétendante d'in-dividus.  On se sait saturés mais on n'ose pas l'avouer, de peur de perdre le pas.  On sent le besoin de se vendre pour appartenir à quelque sphère d'existence. Parfois.



Lac aux Américains, Parc national de la Gaspésie.
Des hommes et des bêtes, mixité inspirante des à-peu-près-civilisés et d'un vénérable sauvage.


Phénomènes rencontrés à Cap-au-Renard: la lune géante du 23 juin, suivie du passage d'un banc de (centaines de?) bélugas... la pêche au Maquereau, le coucher de soleil sur l'horizon, la présence éternelle du vent et le mouvement des marées...



On a quitté Cap-au-Renard hier, Annabelle et moi, su'l pouce.  Chargée bien comme il faut, les doigts croisés pour qu'il ne pleuve pas.  Il vente en cibouleau sur la route 132, mais le feeling est bon: je parie qu'on se fera embarquer en moins de 15 minutes...

Et ... v'là!  Premier lift, un homme nous embarque à la sortie de Cap-au-Renard.  Il se nomme Tony, demeure à Matane mais travaille à Gros Morne dans un fumoir à poisson. Son quotidien: dormir trop peu, faire beaucoup de route, élever les deux enfants qu'il a adoptés .. ''eux, c'est mes trésors''. Lorsqu'il a quelques jours de vacances, il retourne dans la maison qu'il a construite à Gros Morne pour être seul avec la mer et rattraper du sommeil. 
''Ça vous dérange pas si je fume?'' 
Il fume la pipe depuis l'âge de douze ans. Il en aura bientôt 56. 
''Bien sûr que non.''  Faire du pouce, c'est se donner l'expérience de la gratitude.  Les hommes, les humains, on a beau les critiquer sans cesse; la générosité et l'entraide sont aussi des phénomènes réels.

Tony nous laisse à la moitié du chemin qui mène à Gaspé.  ''Ici dans le croche, ça devrait être un bon spot.  Soyez prudentes.''
''Que Dieu vous bénisse'' que je lui dit.
Accrochés à son rétroviseurs: un capteur de rêve et un crucifix.

Conversations sur le religieux, sur l'importance du mythe et le pouvoir du symbolique.  Conversations sur les mots et leurs représentations, sur les débats qu'il nous faut continuer de mener... pour voir s'ouvrir l'espace nécessaire à l'épanouissement de notre conscience et la création de liens solidaires.


À peine quinze minutes plus tard une autre voiture s'arrête devant nous sur le bord du chemin. 
''Je vous ai vues tout à l'heure'', nous dit le conducteur, '' mais j'étais avec ma femme et notre cochon dingue alors y'avait pas de place.''  Il ne se rend pas jusqu'à Gaspé.  Il s'en va au festival de la chanson de Petite Vallée.  Oh!  J'avais justement remarqué un poster dans la boulangerie de Ste-Anne-des-Monts. Je suis curieuse.  
''Vous avez frappé le bon gars pour vous parler du festival!  J'y ai travaillé comme technicien pendant 6 ans.  Le festival de Petite Vallée, c'est vraiment quelque chose de spécial...''




 Spécial tu dis?!  Je vous parle d'un petit village de 240 habitants... des Lebreux, des Côté, des Brousseau. ''La colonie'' - c'est le nom qui désigne le centre du village- n'a même plus la capacité de faire rouler sa petite épicerie locale. C'est comme ça sur l'ensemble de la péninsule: une économie précaire (saisonnière) et résiliante; des habitants au coeur chaud et de la bière qui coule à flot.

Mais Petite Vallée, cette semaine, c'est un coeur battant de fierté et de culture. Et pour nous, c'est la découverte d'un grand trésor caché. Ça fait 31 ans que le festival présente les grandes têtes d'affiche de la francophonie avec, en coulisse, le Camp chanson:
Unique en son genre, le Camp chanson de Petite-Vallée est le premier camp québécois spécialisé en chanson. Ayant pour mission d’offrir une formation sur mesure à tous les amoureux de la chanson, que ce soit au niveau de la technique vocale, de l’interprétation, de l’écriture que de l’accompagnement musical, le Camp chanson dispense des ateliers autant aux clientèles jeunesses qu’adultes.
Au-delà de la musique, Petite Vallée c'est une ambiance de fraternité et d'hospitalité. On avait décidé de rentrer voir le bistrot et d'y prendre une bière.  On y est restées deux nuits!

Appeler les locaux par leur nom, rigoler ensemble, partager la boisson, se faire raconter le lever du soleil sur la berge (le temps était à la pluie) et la fameuse chorale de 300 enfants Gaspésiens - de Matane à Gaspé - qui se préparent dans les écoles, depuis janvier, pour chanter tous ensemble les chanson d'un artiste invité (cette année, Laurence Jalbert) pendant le festival.  De quelque conversation que ce soit on retient la même impression et le même sentiment: l'événement génère une profonde fierté dans la communauté.  Et comment ce pourrait être autrement?  Ce sont les enfants de la communauté qu'on supporte, qu'on stimule, qu'on reconnaît dans leur force et leur beauté...



''Biel'', notre hôte. Un homme-ange qui véhicule absolument et probablement sans le nommer comme tel, l'esprit d'Aloha.

Nous sommes débarquées comme deux cheveux dans la soupe et aussitôt on nous a accueillies à bras-ouverts:  ''Vous pouvez planter votre tente là, à l'abris du vent d'Est et de la pluie. Vous laisserez vos sacs-à-dos dans le garage de Biel, pis si y fait trop froid, vous pouvez rentrer dormir dans le garage.  C'est chauffé au bois.''

On se serait crues dans le film La Grande Séduction...


Le festival de Petite Vallée se démarque aussi par la proximité, la simplicité, l'humanité, la mixité des entre artistes et festivaliers.  Personne n'est superstar, la célébrité laissée à la porte; tout le monde est juste content d'y être. Citation d'Annabelle: ''On pourra même dire qu'on a pitché du pop corn à Dan Boucher!''
Coup de coeur pour quelques artistes de la relève: D-TrackGaroche ta sacoche, Oli Vinégar, Philippe Brach, etc.  Coup de coeur pour un super show des Soeurs Boulay... intimiste, authentique (ce sont des filles du coin après tout)


Dernière chose: un emplacement et des installations splendides. Il y a la mer... puis la maison et le garage de Biel (ce dernier étant décoré exclusivement d'effigies Harley Davidson et Labatt 50!) l'auberge de la mère Lebreux, les petits chalets en bordure de la mer..  et finalement le bistrot qui est adjacent à la salle de spectacle -le ''théâtre de la vieille forge''-  et qui en fait abrite un véritable musée de la chanson!  Jamais vu un si bel éventail d'affiches commémoratives de nos grands, de Pauline Julien à Dédé Fortin, en passant par Félix bien sûr, mais aussi Marie-Claire et Richard Séguin, Plume, et et et... vous voyez le topo.


Il a fallu se déchirer de l'endroit car on y serait resté jusqu'à la fin des vacances.  Et du reste.. je ne peux tout simplement pas boire assez pour les suivre!



On a reprit le côté de la route 132.  Interrogation de mon intuition.... je paris qu'on se fera embarquer en 15 minutes encore une fois!
Eh... en effet.
Un gentil couple dans la fin cinquantaine, des Gaspésiens de souche ayant grandis dans la péninsule avant de s'exiler pour le travail... comme tant d'autres, ils sont revenus pour la retraite. Confortablement tassées sur les deux petits sièges amovibles du pickup, la discussion s'engage rapidement.  On (ou plutôt Annabelle, qui est remarquablement passionnée dès que l'on) parle de syndicalisme, de conditions de travail dans ''le système de la santé'' et de celles des travailleurs de la construction.

Débarcadère: la porte même de notre auberge: La Merluche.  Nous sommes à deux pas du cégep de Gaspé... sur lequel j'irai demain jeter un sort. ;) Conversations avec d'anciens étudiants de la Technique de plein air et aventure.. Je sens, je visualise, que j'aurais absolument ma place ici comme prof de philo. Je pourrais même louer une chambre à la Merluche (le spot est esthétiquement très plaisant, les proprios et le staff sont ultra sympathiques, et le bon temps y roule)!

Première soirée à Gaspé.  Bonne bouffe et vino suivis d'une promenade d'exploration de la marina.  Les étoiles sur le quai; une connexion grandissante et vivifiante... Au retour, rencontre de deux locaux sur la grève. Steeve et Guillaume, deux guitares, existentialisme de bord de feu de camp...

Le soleil s'est levé vers 5 heures du mat.


Une murale à Gaspé! :)


Un billet de blogue ne pourra malheureusement pas rendre l'ampleur des sentiments que je vis jour après jour.  Les interactions, les conversations, les sourires et les silences, l'énergie dans mon plexus solaire, les effluves sylvestres et l'air salé... 
L'espace ouvert devant.  L'esprit ouvert de tous côtés.  La pesée de concepts et d'idées, de visions et de questionnements.
L'histoire et les lubies de l'homme, nos craintes et nos deuils, et tout ce qu'il y a de créativité et de potentiel de communion et de grâce, dans chaque instant...