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I often feel that we're all spinning slowly... like a mirror ball. Yes, we are all mirrors to each other. And so, it is the Light between us that I hope to help reveal and celebrate. /// J'ai souvent l'impression que nous sommes une boule disco qui tourne lentement. Nous sommes tous des miroirs pour les uns les autres. C'est donc la lumière qu'il y a entre nous que j'espère contribuer à souligner et à célébrer.

Monday, July 1, 2013

Road Trip en Gaspésie!



Une semaine d'accumulation de vermeilleux moments. Ou, dans les mots de la dame qui nous a jazé sur le quai de Marsoui: pure grâce.


Trop pleins donc mes esprits pour que je puisse vous raconter en détails.. quoique j'aurais aimé.


Je vous offre quelques milles mots sous forme d'images...


Un rosé frais, ça goûte le coucher de soleil aux abords du fleuve.


...


La première phase de l'aventure fut de longer la rive sud du fleuve avec ma chum Maude (collègue pédagogue en science po) en visitant le plus de cégeps le long de notre route!



Cégep de Rivière-du-Loup, lieu mythique car mon père y aurait vraisemblablement vécu les plus belles années de sa jeunesse.

 Objectif: Cap-au-Renard. Population: euh... genre... une vingtaine de maisons.  Raison de notre visite: Myriam, une amie de Maude, y a loué une petite maison pour l'été afin de prendre le temps et l'espace pour vivre simplement, et rédiger ses travaux de fin de session.

Nous nous sommes donc retrouvé à cinq filles... oh! mais nous sommes tellement plus que cela! Plutôt.. cinq anarcho-féministes ''radicales'' - si l'on s'ose à l'étiquettage.  Cinq femmes intellos (nice!) cherchant à suivre le battement de leur coeur sur les sentiers de leurs réflexions.  Cinq penseures (oui oui) sachant pertinemment la sagesse du corps et le besoin urgent de l'intégrer dans la lutte.
Les opinions divergent, une éthique de la conversation et de la communication reigne.  Cinq femmes vivant ou ayant vécu l'expérience de la vie en collectif.  Des bonnes bouffes, et systématiquement, le partage des responsabilités pour que la vaisselle se fasse et que l'endroit demeure ce qu'on y recherche: l'espace, le temps, la liberté, la solidarité, l'inspiration.

Sommet du Mont Xalibu, Parc National de la Gaspésie.

Questions politiques à l'honneur: la souveraineté du Québec versus l'obsolescence du concept même d'État.  Centralisation et décentralisation, ordre et chaos, besoin des masses de déléguer versus oppression et violences systémiques comme fil conducteur de l'histoire telle qu'occultée par ceux qui l'écrivaient jusqu'à récemment.  La révolte et le corps.  Toutes nos relations, le polyamour, la sexualité et les apprentissages qui balisent notre aventure.

Top 3 des meilleures Saint-Jean-Baptistes de mon histoire: fête au village! Messe dans la petite chapelle suivie d'un repas de ''bines'' et pain, d'une heure ou deux de chansons populaires accompagnées à la cuillière, ET, pour clore le tout, d'une activité de danses en lignes!!
Ce qui me marque le plus, mis à part l'environnement sublime qui nous entoure, c'est l'humanité des gens, Gaspésiens... et néo-Gaspésiens.  Je songe aux voisins avec qui j'ai conversé, à ceux qui m'ont parlé de la vie aux abords de la mer-fleuve, de la maison qu'ils y ont bâtie, de la famille qui les a accompagné ou qu'ils ont laissé pour vivre au bout du monde, du climat, des hivers, de l'économie des régions, des saisons.  Mais ce qui m'emplit de grâce, ce ne sont pas tant les thèmes de nos conversations que l'énergie profondément authentique qui leur sert de courant. 
Comme si...
Ici, on a le temps et l'espace pour écouter.  Ça semble banal mais ce ne l'est pas.  En ville, on est si pressés (dans tous les sens du mots) qu'on ne sait plus comment se présenter, authentiquement.  Notre énergie appellée dans toutes les directions et on se sent bientôt morcellés, des ''dividus'' à prétendante d'in-dividus.  On se sait saturés mais on n'ose pas l'avouer, de peur de perdre le pas.  On sent le besoin de se vendre pour appartenir à quelque sphère d'existence. Parfois.



Lac aux Américains, Parc national de la Gaspésie.
Des hommes et des bêtes, mixité inspirante des à-peu-près-civilisés et d'un vénérable sauvage.


Phénomènes rencontrés à Cap-au-Renard: la lune géante du 23 juin, suivie du passage d'un banc de (centaines de?) bélugas... la pêche au Maquereau, le coucher de soleil sur l'horizon, la présence éternelle du vent et le mouvement des marées...



On a quitté Cap-au-Renard hier, Annabelle et moi, su'l pouce.  Chargée bien comme il faut, les doigts croisés pour qu'il ne pleuve pas.  Il vente en cibouleau sur la route 132, mais le feeling est bon: je parie qu'on se fera embarquer en moins de 15 minutes...

Et ... v'là!  Premier lift, un homme nous embarque à la sortie de Cap-au-Renard.  Il se nomme Tony, demeure à Matane mais travaille à Gros Morne dans un fumoir à poisson. Son quotidien: dormir trop peu, faire beaucoup de route, élever les deux enfants qu'il a adoptés .. ''eux, c'est mes trésors''. Lorsqu'il a quelques jours de vacances, il retourne dans la maison qu'il a construite à Gros Morne pour être seul avec la mer et rattraper du sommeil. 
''Ça vous dérange pas si je fume?'' 
Il fume la pipe depuis l'âge de douze ans. Il en aura bientôt 56. 
''Bien sûr que non.''  Faire du pouce, c'est se donner l'expérience de la gratitude.  Les hommes, les humains, on a beau les critiquer sans cesse; la générosité et l'entraide sont aussi des phénomènes réels.

Tony nous laisse à la moitié du chemin qui mène à Gaspé.  ''Ici dans le croche, ça devrait être un bon spot.  Soyez prudentes.''
''Que Dieu vous bénisse'' que je lui dit.
Accrochés à son rétroviseurs: un capteur de rêve et un crucifix.

Conversations sur le religieux, sur l'importance du mythe et le pouvoir du symbolique.  Conversations sur les mots et leurs représentations, sur les débats qu'il nous faut continuer de mener... pour voir s'ouvrir l'espace nécessaire à l'épanouissement de notre conscience et la création de liens solidaires.


À peine quinze minutes plus tard une autre voiture s'arrête devant nous sur le bord du chemin. 
''Je vous ai vues tout à l'heure'', nous dit le conducteur, '' mais j'étais avec ma femme et notre cochon dingue alors y'avait pas de place.''  Il ne se rend pas jusqu'à Gaspé.  Il s'en va au festival de la chanson de Petite Vallée.  Oh!  J'avais justement remarqué un poster dans la boulangerie de Ste-Anne-des-Monts. Je suis curieuse.  
''Vous avez frappé le bon gars pour vous parler du festival!  J'y ai travaillé comme technicien pendant 6 ans.  Le festival de Petite Vallée, c'est vraiment quelque chose de spécial...''




 Spécial tu dis?!  Je vous parle d'un petit village de 240 habitants... des Lebreux, des Côté, des Brousseau. ''La colonie'' - c'est le nom qui désigne le centre du village- n'a même plus la capacité de faire rouler sa petite épicerie locale. C'est comme ça sur l'ensemble de la péninsule: une économie précaire (saisonnière) et résiliante; des habitants au coeur chaud et de la bière qui coule à flot.

Mais Petite Vallée, cette semaine, c'est un coeur battant de fierté et de culture. Et pour nous, c'est la découverte d'un grand trésor caché. Ça fait 31 ans que le festival présente les grandes têtes d'affiche de la francophonie avec, en coulisse, le Camp chanson:
Unique en son genre, le Camp chanson de Petite-Vallée est le premier camp québécois spécialisé en chanson. Ayant pour mission d’offrir une formation sur mesure à tous les amoureux de la chanson, que ce soit au niveau de la technique vocale, de l’interprétation, de l’écriture que de l’accompagnement musical, le Camp chanson dispense des ateliers autant aux clientèles jeunesses qu’adultes.
Au-delà de la musique, Petite Vallée c'est une ambiance de fraternité et d'hospitalité. On avait décidé de rentrer voir le bistrot et d'y prendre une bière.  On y est restées deux nuits!

Appeler les locaux par leur nom, rigoler ensemble, partager la boisson, se faire raconter le lever du soleil sur la berge (le temps était à la pluie) et la fameuse chorale de 300 enfants Gaspésiens - de Matane à Gaspé - qui se préparent dans les écoles, depuis janvier, pour chanter tous ensemble les chanson d'un artiste invité (cette année, Laurence Jalbert) pendant le festival.  De quelque conversation que ce soit on retient la même impression et le même sentiment: l'événement génère une profonde fierté dans la communauté.  Et comment ce pourrait être autrement?  Ce sont les enfants de la communauté qu'on supporte, qu'on stimule, qu'on reconnaît dans leur force et leur beauté...



''Biel'', notre hôte. Un homme-ange qui véhicule absolument et probablement sans le nommer comme tel, l'esprit d'Aloha.

Nous sommes débarquées comme deux cheveux dans la soupe et aussitôt on nous a accueillies à bras-ouverts:  ''Vous pouvez planter votre tente là, à l'abris du vent d'Est et de la pluie. Vous laisserez vos sacs-à-dos dans le garage de Biel, pis si y fait trop froid, vous pouvez rentrer dormir dans le garage.  C'est chauffé au bois.''

On se serait crues dans le film La Grande Séduction...


Le festival de Petite Vallée se démarque aussi par la proximité, la simplicité, l'humanité, la mixité des entre artistes et festivaliers.  Personne n'est superstar, la célébrité laissée à la porte; tout le monde est juste content d'y être. Citation d'Annabelle: ''On pourra même dire qu'on a pitché du pop corn à Dan Boucher!''
Coup de coeur pour quelques artistes de la relève: D-TrackGaroche ta sacoche, Oli Vinégar, Philippe Brach, etc.  Coup de coeur pour un super show des Soeurs Boulay... intimiste, authentique (ce sont des filles du coin après tout)


Dernière chose: un emplacement et des installations splendides. Il y a la mer... puis la maison et le garage de Biel (ce dernier étant décoré exclusivement d'effigies Harley Davidson et Labatt 50!) l'auberge de la mère Lebreux, les petits chalets en bordure de la mer..  et finalement le bistrot qui est adjacent à la salle de spectacle -le ''théâtre de la vieille forge''-  et qui en fait abrite un véritable musée de la chanson!  Jamais vu un si bel éventail d'affiches commémoratives de nos grands, de Pauline Julien à Dédé Fortin, en passant par Félix bien sûr, mais aussi Marie-Claire et Richard Séguin, Plume, et et et... vous voyez le topo.


Il a fallu se déchirer de l'endroit car on y serait resté jusqu'à la fin des vacances.  Et du reste.. je ne peux tout simplement pas boire assez pour les suivre!



On a reprit le côté de la route 132.  Interrogation de mon intuition.... je paris qu'on se fera embarquer en 15 minutes encore une fois!
Eh... en effet.
Un gentil couple dans la fin cinquantaine, des Gaspésiens de souche ayant grandis dans la péninsule avant de s'exiler pour le travail... comme tant d'autres, ils sont revenus pour la retraite. Confortablement tassées sur les deux petits sièges amovibles du pickup, la discussion s'engage rapidement.  On (ou plutôt Annabelle, qui est remarquablement passionnée dès que l'on) parle de syndicalisme, de conditions de travail dans ''le système de la santé'' et de celles des travailleurs de la construction.

Débarcadère: la porte même de notre auberge: La Merluche.  Nous sommes à deux pas du cégep de Gaspé... sur lequel j'irai demain jeter un sort. ;) Conversations avec d'anciens étudiants de la Technique de plein air et aventure.. Je sens, je visualise, que j'aurais absolument ma place ici comme prof de philo. Je pourrais même louer une chambre à la Merluche (le spot est esthétiquement très plaisant, les proprios et le staff sont ultra sympathiques, et le bon temps y roule)!

Première soirée à Gaspé.  Bonne bouffe et vino suivis d'une promenade d'exploration de la marina.  Les étoiles sur le quai; une connexion grandissante et vivifiante... Au retour, rencontre de deux locaux sur la grève. Steeve et Guillaume, deux guitares, existentialisme de bord de feu de camp...

Le soleil s'est levé vers 5 heures du mat.


Une murale à Gaspé! :)


Un billet de blogue ne pourra malheureusement pas rendre l'ampleur des sentiments que je vis jour après jour.  Les interactions, les conversations, les sourires et les silences, l'énergie dans mon plexus solaire, les effluves sylvestres et l'air salé... 
L'espace ouvert devant.  L'esprit ouvert de tous côtés.  La pesée de concepts et d'idées, de visions et de questionnements.
L'histoire et les lubies de l'homme, nos craintes et nos deuils, et tout ce qu'il y a de créativité et de potentiel de communion et de grâce, dans chaque instant...




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