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I often feel that we're all spinning slowly... like a mirror ball. Yes, we are all mirrors to each other. And so, it is the Light between us that I hope to help reveal and celebrate. /// J'ai souvent l'impression que nous sommes une boule disco qui tourne lentement. Nous sommes tous des miroirs pour les uns les autres. C'est donc la lumière qu'il y a entre nous que j'espère contribuer à souligner et à célébrer.

Wednesday, October 16, 2013

Tennis de Table de Charte


J'ai composé cet article il y a plus d'une semaine. J'osais espérer de le terminer avant de le mettre en ligne. Mais je n'atteindrai jamais le fond de la question. Alors voilà. Dial-arcticle:


Je démange! J'aurais besoin de me multiplier en 13 pour pouvoir étudier tout ce qui m'inspire et m'appelle...
Je veux vous parler de la Charte.

Quel tourbillon! On se polarise et on fait attention de ne pas trop haïr, ou encore on se garde du danger idéologique et on essaie de départager et de mieux comprendre. Le débat, s'il se déroule par le dialogue, a le potentiel de nous enrichir grandement. Si on se laisse au contraire glisser du côté du besoin de sécurité et de certitude, alors c'est la démagogie qui l'emporte. Le peuple en ressortirait affaibli, dépossédé de son pouvoir; et c'est l'élite parlementaire et technocrate qui s'en verrait encore une fois avantagée.
 

Ne refusant jamais le dialogue sur des questions de politique ou de culture, j'ai beaucoup discuté, dans les dernières semaines, des enjeuxque soulève la proposition de Charte des valeurs québécoises. Ce qu'il en ressort immanquablement, c'est la confusion. Notre raison nous mène au cul-de-sac. Les arguments et les considérations se trouvent des deux côtés de la question, si bien qu'on en finit par s'en remettre à l'approximation, au feeling, aux voeux que tout cette saga ne tourne pas trop mal...

 Les médias alimentent le débat. La population est invitée à s'exprimer. On cherche à y voir clair mais le malaise demeure...

Je vous offre mon cheminement car je n'ai que cela.
Ma première réaction fût la colère: de quel droit l'État se mêle-t-il de la liberté des citoyens? Racisme et islamophobie! Ingérence dans la vie privée!

Puis la tristesse:
Parce que la religion et la spiritualité sont bien différentes mais qu'on les met trop souvent dans le même bain. Parce que je ne vois aucun problème à ce qu'un être humain se prosterne devant plus grand que lui, cinq fois par jour. Personnellement, je trouve ça sain. Maintenant, prenons garde de lire ici plus que ce que j'ai écrit. Devant quoi se prosterner? Devant plus grand que nous. Point. Je me suis éloignée un brin, mais ce que je cherche à exprimer, c'est que je trouve ça dommage que la religion ait subit la corruption et la décadence du politique. Cela remonte à bien longtemps.
J'aurais aimé que la question de la Charte nous amène à discuter de la place de la spiritualité dans la vie collective. Malheureusement, on n'effleure à peine ce point que lorsqu'on recrache la formule: ''La religion devrait être une affaire privée''.
Je ne suis pas certaine de cela. Mais bon.  Premièrement, il faut débroussailler le spirituel de la religion. On pourrait aussi se questionner sur l'apport que pourrait avoir la religion dans nos vies si la règle d'or (One Love. Aime ton prochain comme toi-même, puisque nous sommes Un) obtenait plus de visibilité dans la médiation publique. Bref. 

Puis l'excitation:
Dans mon enthousiasme idéaliste et légendaire, je me suis réjouie qu'il y ait au moins la possibilité d'une conversation au sujet de la place de la spiritualité dans notre société. Ce qui est évident, c'est que l'histoire de mes ancêtres explique et excuse ce fervent rejet, et cette peur de la religion. Je parle du traumatisme qu'a causé l'Église catholique dans le Québec francophone. Je n'élaborerai pas là-dessus, vous connaissez l'histoire.

Je crois que c'est ici que j'ai pris la tangente du OUI. En prenant compte du ''patrimoine historique'', c'est-à-dire le traumatisme historique des Québécois, et en songeant à la force et à la forme particulière du mouvement féministe québécois, à ses luttes et à ses acquis encore récents (droit de vote depuis seulement 73ans), j'ai commencé à penser qu'en effet, l'idée d'une déclaration de laïcité s'inscrit plutôt bien dans le développement historique de notre État.

Non sans malaise je me suis mise à oser considérer les vertus d'une loi qui expliciterait et institutionaliserait ''les valeurs québécoises''.

Égalité des Femmes et des Hommes.
D'abord, ne parlons pas des inégalités qui subsistes dans notre propre peuple? Et que dire des cultures de sexualisation de la femme, à l'Américaine? Est-ce plus juste de sévir contre une femme voilée que contre le concepteurs des posters du jeu vidéos Grand Theft Auto qui tapissent la ville de Montréal?


Valeurs québécoises?


Et puis le problème c'est que je suis encore trop ignorante des exégèses du Coran pour pouvoir me prononcer sur les conclusions véritables de l'islam au sujet de l'égalité hommes-femmes.  Dans mon esprit, je suis capable de concevoir que le port du voile puisse relever d'une connaissance du profond pouvoir féminin: le voile servirait à protéger l'homme de ses pulsions que la femme attise de par sa beauté envoûtante... Hmm.
Mais je ne suis pas dupe. Je conçois aussi, et surtout, que ce genre de logique ne fait que déresponsabiliser l'homme et que cela perpétue et renforce sa domination. C'est une question que je tarde d'approfondir avec mes soeurs musulmanes. Pourquoi est-ce que la femme devrait faire tabou d'elle-même et prendre toute la responsabilité pour le manque de maturité sexuelle (et donc psychique) des hommes?!
La féministe en moi est solidaire avec ces milliards de femmes qui chaque jour subissent la torture, la domination et la peur, sans qu'aucune institution au pouvoir (des hommes) ne fasse ou ne dise quoi que ce soit. La féministe en moi comprend bien que le port du voile n'est PAS synonyme d'inégalité mais sait pertinemment que dans les faits, les oppresseurs et les politicos de nombreux pays musulmans ont malheureusement su co-opter ce symbole à des fins de domination. Le Prophète a certainement prôné l'égalité et la liberté des femmes. Les institutions ont avili sa Parole. Une histoire familière me direz-vous? L'Église catholique, et tous ses monarques alliés, ne firent pas bien mieux!
Bref, pour mettre fin aux représentations d'une inégalité encore bien réelle et pour mener la lutte qui nous importe de mener encore aujourd'hui, la féministe en moi serait plutôt tenté de dire: ici... on préfère ne pas prendre de chance. Ici, l'État donne l'exemple.


Une conclusion:
pourquoi ne donne-t-on pas la parole à ses femmes musulmanes, justement ?! Je sais très bien que je ne peux rien dans ce débat, étant non-musulmane. C'est toujours la même chose.
Mais comme j'aimerais que vous nous racontiez les raisons et les valeurs qui se cachent avec vous.

Mais on n'entend que des cris d'indignations, et pas beaucoup de pédagogie.

J'ai discuté avec quelques musulmanes, en Europe et ici au Québec, et je peux affirmer qu'elles portent le voile par choix et par foi. De ce fait, je n'arrive simplement pas à appuyer une loi qui marquerait autant l'exclusion.

''Mais la Charte s'applique seulement à la fonction publique!''
Euh...
La fonction publique du Québec comptait en mars 2011 environ 72 000 employés réguliers et occasionnels qui travaillent dans une vingtaine de ministères et environ soixante-dix organismes présents dans l’ensemble des régions du Québec. (...)
Les femmes sont maintenant au nombre de 32 199, soit 58,0 % de l’effectif régulier, tel qu’indiqué par les données de mars 2011. 
 Les femmes qui portent le voile (Il n'y a pas que le voile, je sais. Mais puisque c'est là notre représentation la plus vive du ''signes religieux ostentatoire'', je me résous à réfléchir à partir de ce point) devrait alors choisir: profession ou religion. Qu'elle absurdité!

Et vlan! Voilà que l'argument de l'égalité homme-femme fait une vrille et tombe à plat! En appliquant la Charte, l'État québécois brimerait le droit au travail de centaines, voire de milliers de femmes!


Tout pouvoir implique un rapport.
Et si le pouvoir du voile se trouverait d'abord dans une dynamique culturelle?
La croissance de l'islam découlerait-elle d'une réaction au pouvoir occidental?
Je pense aux mouvement anti-coloniaux Alégriens... (Un article intéressant, une source non-validée mais..)

À ce compte-là, le port du voile serait analogue à ma façon de me protéger contre les pouvoirs machistes et capitalistes en m'habillant de vêtements recyclés et passés de mode!

Or il demeure que le problème, c'est que le pouvoir politique et patriarcal s'est bel et bien emparé de l'islam pour contrôler des milliers de citoyens. Les dictateurs, les militaires et les rebels islamistes représentent une réalité dont les occidentaux sont tenu bien au informés.
La violence est un fait. Et notre indignation est justifiée.
Le fait de l'instrumentalisation reste à soulever.

Parlons alors d'instrumentalisation.

Ce qu'il y a d'absurde et d'incroyable dans la stratégie du Parti québécois, c'est qu'on n'aurait jamais cru qu'un parti contemporain puisse oser assumer de frôler le racisme de si près. Le nationalisme québécois est loin d'être à l'abris de la pente xénophobe, il suffit d'ouvrir le débât dans une rencontre familiale pour s'en rendre compte.  Mais dans le contexte actuel? Pourquoi jouer avec le feu? Pourquoi soumettre le peuple à une question si complexe et nuancée? Pourquoi prétendre faire appel à notre raison alors qu'ils savent pertinemment que notre psyché est fragile?  La psyché québécoise, mentalité de victime et de menacée. Réalité de victime et de menacée, certes, aussi.

Malheureusement il y encore beaucoup trop de Québécois en proie à la xénophobie... Le Parti Québécois manquerait-il à ce point de jugement?
Ou serait-ce plutôt une tactique électoraliste?
Vu d'un angle différent, la question fait encore son chemin.

Et si on osait ''mettre notre pied à terre''? Ce serait une petite victoire pour le peuple québécois. Et si on se prononçait au nom de valeurs universelles et dans une perspective d'avenir unifié? (La prétention messianique de toute nation impérialiste!)
Allez!
Dans 30 ans, on en parlerait plus! Ceux et celles qui choisissent d'immigrer au Québec le feraient en sachant qu'ils ne pourraient pas travailler dans ''la fonction publique'' et afficher leur religion. Ceux et celles qui viendraient s'établir au Québec en auraient fait le choix en toute connaissance de cause. La cause: la laïcité. (Au fait, pourquoi ne pas avoir conservé le terme ''laïcité''? Pourquoi y avoir donné une connotation nationaliste?)

Mais comment tracer la ligne de la laïcité? Est-ce que l'État est composé de ceux qui forment son corps professionnel, ou est-ce une entité abstraite existant au-dessus de nous? Dans un État constitutionnel, la bonne réponse est la seconde. Dans une république, l'État est composé des personnes qui forment son corps et son sang. De ceux qui y circulent et de ceux qui y bâtissent.

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Or sachons qu'il n'est pas nécessaire et qu'il est probablement non-souhaitable de confondre Nationalisme avec Républicanisme. (Merci Habermas.)