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I often feel that we're all spinning slowly... like a mirror ball. Yes, we are all mirrors to each other. And so, it is the Light between us that I hope to help reveal and celebrate. /// J'ai souvent l'impression que nous sommes une boule disco qui tourne lentement. Nous sommes tous des miroirs pour les uns les autres. C'est donc la lumière qu'il y a entre nous que j'espère contribuer à souligner et à célébrer.

Friday, August 16, 2013

Interculturalisme québécois

Je me suis inscrite comme bénévole à l'école d'été de l'Institut du Nouveau Monde: ''une école de citoyenneté aux airs de festival pour les 15 à 35 ans''.

Parmi mes camarades anarchistes, il y a bien sur le débat sur le ''citoyennisme''; je vous mets un bon article sur le sujet : ici. Selon certains, la démocratie dite participative n'est qu'un leurre, un panacée qui soutient la légitimité de l'État et de ses corollaires: capitalisme libéral basé sur l'exploitation et l'inégalité des classes, oppression systémique, etc. La participation citoyenne opte pour la réforme et non pour la révolution, elle s'inscrit dans un modèle qui délègue le pouvoir à une classe dirigeante, laquelle, en ce monde capitaliste, ne peut qu'être liée, ouvertement ou non, à la classe des affaires). Bref, d'un point de vue radical, le citoyennisme nuit à la lutte pour la justice et l'égalité des classes.

En bonne balance, je me permets de verser de l'eau dans ce vin. La démocratie participative ne m'inspire pas particulièrement, d'une part, parce que je ne crois pas que nos dirigeants écoutent réellement. L'INM peut publier de jolis rapports de concertations populaires, il me semble que le gouvernement s'en contre-fou.

Par contre, je pense qu'il est parfaitement utile et nécessaire d'inviter le peuple à parler de politique, à apprendre l'implication, la conversation. Qui sait, plus on vivra l'expérience de l'assemblée et de l'organisation politique, de la mobilisation, de la démocratie directe, plus on réalisera qu'on a peut-être pas besoin de chefs politiques! (Encore ici, je ne suis pas certaine qu'il ne faille pas une forme quelconque de centralisation du pouvoir pour que mouvement ait lieu. C'est physique.)

Mais c'est d'interculturalisme que je voulais surtout parler aujourd'hui, puisque j'ai eu la chance de participer à la conférence de Gérard Bouchard (voir commission Bouchard-Taylor) ce matin.
Fait magique: j'ai hier soir fait la rencontre d'une femme qui écrit justement son mémoire sur les limites de l'interculturalisme (avec un débouché sur la puissance de l'art clownesque!!!)

J'étais donc impatiente d'entendre les propos de celui qui est en fait la référence sinon l'architecte premier du concept d'interculturalisme.

Le site de ce livre contient un bon r.ésumé: ici





Heureuse d'entendre que ce concept d'interculturalisme est un produit de la psyché québécoise.  Heureuse dans mes trippes, parce que tout ça s'inscrit dans une vision personnelle et dans mon analyse... (best-seller à venir...)

MAIS. Que d'imperfection!

Nous avons le devoir de questionner.  Je questionne donc:
Qu'entend-t-on par le mot ''culture'' ? Éternelle question!! Tout le monde peut s'oser à une réflexion générale: la culture c'est euh... ça passe par la langue, par l'histoire aussi. Bouchard nous parle de valeurs communes qui se sont forgées au fil d'expériences collectives singulières.  Lorsqu'on lui pose la question, il définit la culture nationale québécoise en citant 1) la défense de la langue française, 2) la notion d'affranchissement et 3) le culte de l'égalité et de la justice sociale. ''Ce sont là des valeurs absolument universalisables'', rajoute-t-il.

Si on me posait la question à moi, je proposerais aussi les valeurs de solidarité et du ''bâtir''. Bien que cette dernière idée doive absolument devenir sujette à la redéfinition.

Puis de suite, je questionnerais le concept de culture nationale. Car si la culture naît vraiment de l'expérience commune, il me semble que notre focus soit peut-être, en fait, mal placé. M.Bouchard lui-même le souligne: le concept de la nation fluctue dans l'histoire. Il sert différentes fonctions à différents moments.
Selon Bouchard, c'est un concept qui demeure très pertinent dans le contexte mondial et néolibéral actuel. M.Bouchard considère que la nation devra servir à nous protéger contre les perversions du néolibéralisme.  Il souligne qu'entre 1970 et 2000 le Québec a su non seulement conserver l'intégrité de l'État et de ses politiques sociales (vraiment?), mais que nous avons même vu une diminution de la pauvreté. Je n'ai malheureusement pas de sources à citer et je suis un peu sceptique, mais il existe apparemment une études sur le cas. Bref, l'État-nation aurait encore sa fonction.

La culture nationale servirait ainsi à permettre l'orientation du politique. Sans culture nationale, par de cohésion politique. Mais faut-il absolument relier nation et État ?

Et que faire de tous les autres phénomènes culturels qui composent nos sociétés contemporaines?

J'ai dernièrement commencé à réfléchir davantage sur les dynamiques inter-générationelles, par exemple. N'existe-t-il pas un fossé culturel plus large entre les personnes qui sont nées avant l'avenement du téléphone, les baby-boomers et les enfants de l'an 2000, qu'entre une Marocaine et un Salvadoréen de 25 ans qui étudient tous deux en Ingénierie environnementale ? Il me semble qu'on ne peut pas parler de valeurs et de cultures sans admettre que la mondialisation nous a menés à vivre des expériences transnationales.

L'interculturalisme est pris dans un paradigme d'État. Bouchard ne le dit pas comme ça, mais il y touche presque lorsqu'il admet que la question autochtone relève d'une autre problématique. Il aurait discuté avec des Innus et quelques autres qui se posent d'ailleurs la question: ''les autochtones sont-ils québécois?'' Bonne question! Les autochtones ont peine à établir un rapport de force politique avec ceux qui les ont volé. Se réclament-ils de l'État québécois ? Qu'on-t-ils d'autres ? (Beaucoup, mais on n'en parle pas!)

En terminant, j'aimerais encore une fois traiter de la psyché québecoise et de son insécurité. Car c'est malheureux à dire, mais c'est beaucoup ça la culture québécoise!

Je lui ai posé la question à notre M.Bouchard. ''Que pensez-vous de la possibilité, et même de la ... souhaitabilité pour le Québec de se sortir de la conception de ''majorité fragile'' (reprenant ses mots) et menacée?''

Sa réponse fut insatisfaisante mais intéressante:

''On ne peut pas nier ou se défaire du coefficient sociologique d'insécurité. Par contre, cela aussi fluctue dans l'histoire.  Prenez par exemple la révolution tranquille. À cette époque, les Québécois-es n'étaient pas du tout empreints du sentiment d'infériorité. Et qu'est-ce qui s'est passé?  Et bien ils avaient cessé de se regarder comme une minorité canadienne française au Canada et ils ont vu qu'ils étaient une majorité au Québec. À cette époque, les Québécois-es étaient fier-es.''

Note à moi-même: cette source de fierté-résilience-confiance à laquelle j'aimerais tant voir le monde de demain s'abreuver, et bien, elle a déjà coulé dans les parages. Je ne sais pas les nuances de la fierté québécoise de l'époque, et les temps (et les cultures) ont bien changés, mais au moins, grâce à cette perspective, je conçois l'espoir que le Québec ne s'enlise pas éternellement dans la peur et la victimisation.

L'interculturalisme, c'est s'ouvrir à la différence. Mais pour s'ouvrir à la différence et à l'Autre il faut d'abord arrêter d'avoir peur de soi-même.

Tuesday, August 6, 2013

Syndrome post-samsara

Étourdie, j'inspire.  Je me sens inspirée car je me suis arrêtée, un moment pour m'asseoir, et que la terre continue de tourner. C'est pour ça que la chose la plus difficile à faire est d'essayer de s'arrêter.
Et c'est que ça tourne là-dedans! Ça tourne, les pensées comme des singes qui junglent dans nos esprits, qui s'accrochent les unes aux autres; des idées, des théories. Des projections, dans toutes les directions.

Théories des systèmes, résolutions de problèmes complexes, il nous faut nos machines pour calculer ce qui se passe... mais pourquoi?  Calculer pourquoi? Pour prédire, pour... s'assurer?  Pour se rassurer? Se sécuriser? Est-ce que ça marche aujourd'hui?
Pseudo science. Néolibéralisme vampire et suicidaire. Avarice, cécité. Peur.

Trêve de lyrisme. Si je suis si particulièrement étourdie, c'est parce que j'ai écouté un film ahurissant ce soir, au théâtre de la Verdure, Parc Lafontaine.  La semaine dernière c'était Pina (!), ce lundi : Samsara.



Que dire? Quand on sait qu'une seule image vaut déjà mille mots!? Je ne vais pas pour entretenir de telle ou telle scène, je vous somme plutôt de laisser le film vous toucher. Nous en discuterons par la suite.

Et c'est de songer à toutes les personnes qui étaient présentes ce soir et toutes celles qui on vu ce film.  Quelles pensées, quelles associations surgissent dans leurs esprits? Quelles émotions surtout? Ça, j'ai le feeling que peut-être on se les partage celle-là. J'aimerais tant qu'on en parle! Pour le moment j'écrirai seulement que l'oeuvre me jète dans un abîme de complexité. Il me semble qu'aucun système de pensée philosophique ne pourrait désormais rendre compte du monde.


Alors on est tous là à se regarder dans le miroir, inconfortables.

Et je repense toujours au fait que cela fait à peine cinquante ans que la photo du Earth Rise a été prise. (Avec tout ce que ça symbolise dans la conscience collective de l'espèce humaine).

Ce sont cinquante années sur ... Ça dépend jusqu'où on décide de remonter! Disons 1537 ans depuis la chute de l'Empire Roman, 5000 ans depuis la fondation d'Ur, 65.5 millions d'années depuis la disparition des dinosaures. C'est quoi, cinquante ans?!


Et nous voilà aujourd'hui perchés, accrochés dans la stratosphère, reliés par des satellites qui se promènent comme des étoiles.

Nés poussières et nous retournerons poussière [d'étoiles].


Armés de caméras, obsédés par l'images et la représentation.



Nous photo-graphons. Nous marquons la lumière d'empreintes de nous-mêmes. Nous visons.



Combien de concepts pouvons nous encore créer?


















Sunday, August 4, 2013

''Présence Autochtone'', racines et aspirations


Je songeais à un truc...

Il leur fallait ''la foi'' pour survivre ces hivers, pour défricher et bâtir sur ces terres.  Il leur fallait une enceinte où produire de la chaleur humaine. Combien d'églises ont joué ce rôle rassembleur?  La religion catholique est partie intégrante de notre histoire et j'aimerais qu'on en discute.

Je ne parle pas verser nos économies dans la dîme des prêtres, de se laisser marcher sur la tête, ou de sacrifier nos corps pour la procréation de la race (bien que, comme je tiens toujours à le rappeler, il nous fasse aussi reconnaître que nous ne parlerions peut-être pas français aujourd'hui n'eût été de l'injonction de procréer ). Je ne parle surtout pas de poursuivre dans la voie de la négation de notre élan vital, de baigner dans la culpabilité et la peur. (Car nous devions aussi être ''sauvage'' pour apprendre à vivre ici.)


Je m'adresse au peuple québécois tout en m'adressant à tout le monde.





Cette semaine à Montréal se tenait la vingt-troisième édition du Festival ''Présence Autochtone''. Que dire...

Entre le sentiment malaisant que me procure ''La place des Arts'' et ses odeurs de Panopticon (ou comme si l'art pouvait se restreindre à des espaces choisis, prédeterminés, bétonnés, encerclés, commandités!), et la part de soulagement que je ressens à voir cette présence...
Un teepee moderne, géant, accroché à 40pieds dans les airs par une grue. Malheureusement la photo que j'ai prise est prisonnière de mon appareil photo qui est vraisemblablement kaput (émoticon triste) (Serait-ce le moment de m'offrir la caméra de qualité dont je rêve depuis un long moment?), mais la scène est génératrice de sens... (Quelques photos que je ne peux pas partager - vivement les Creative Commons- et qui vous donneront une idée se trouve sur le site de nul autre que... Loto-Québec, fier commanditaire! (Émoticon ''ironique'')

Je tergiverse tant! Ève, reviens dans le droit chemin.

Bref. J'ai adoré mon expérience de ce ''festival''.
1) Découverte de l'artiste Shauit, musicien et chanteur reggae, natif de Maliotenam sur la Côté-Nord: du rap-reggae en Innu! (Talk about reclaiming a language et prendre la parole!) 

2) Rencontre et conversation avec Yvan.  J'ai vu Yvan pour la première fois mercredi soir dernier, lors de la projection du film ''Ramer d'une seule voie'' ( Cliquez ICI pour le voir: ça vaut le 15minutes.) au Musée McCord.  Il était dans l'audience, tout simplement.  Dans le film, un drapeau que j'aperçois pour la première fois:



Vendredi soir donc, sur la place des Arts, le même drapeau.  Je m'approche pour m'enquérir un peu au sujet du symbole, etc.  Je me faufile dans la foule et me retrouve devant cet homme, Yvan, longs cheveux raides et noirs, yeux pétillants, ceinture fléchée et colliers traditionnels. Dans sa contenance par contre: la vibe d'un ''québécois''. Son accent, son nom, son aura.  Bref, j'apprends que le signe d'infini a été adopté par la communauté Métis.
'' On est tous issus du métissage.''
''Nos ancêtres se sont alliés. Les colons étaient des hommes et des femmes courageuses, notre culture est une culture de la terre d'ici, des conditions et des besoins d'ici.  Notre culture est remplie de la présence autochtone: nos canots, nos raquettes, nos textiles, notre courge et notre maïs, notre langue...  Notre emphase tend à porter sur l'inimité, sur la blessure et les autres facettes souffrantes de la colonisation.  Certes, il est essentiel qu'on se fasse ce devoir de mémoire.  Mais serait-ce possible que le temps soit venu pour outrepasser la grande blessure et pour entreprendre un dialogue qui continue d'aller de l'avant?

Un autre drapeau déjà aperçu: blanc avec un arbre dessiné dessus: La famille. ''Et ce drapeau-là, tu peux m'en parler un peu?'' ai-je demandé à Yvan.
''Ça c'est La famille. Ça veut dire qu'on est tous une famille et qu'on doit se rappeler ça, des racines vers le tronc, puis les branches, nos parents, d'autres branches, nous-mêmes, et nos enfants...''
''Et notre connexion avec la terre'' je rajoute.
Il me sourit. ''Oui'' ''Et y'a les racines surtout, parce que si on coupe les racines, l'arbre meurt.''
''Nos aînés, nos ancêtres...''

Euh...
Partage d'un ''pregnant silence'' (une belle expression que les anglophones utilisent). Et je lui confie, ''sauf que c'est justement quelque chose qui me fait peur; au Québec, cette relation défectueuse avec nos aînés, notre incapacité à conjuguer la ''vie moderne'' et le prendre soins de nos parents. (À ce sujet, un l'Institut du Nouveau monde entretient un dossier TRÈS intéressant: http://www.inm.qc.ca/a-propos/paroles-de-linm/la-declaration-des-generations-2011) Ça ne me donne pas beaucoup d'espoir.''

Yvan me regarde et me dit, d'un ton scintillant:  ''C'est pour ça qu'il faut qu'on regardes dans les yeux des enfants. C'est eux qui nous montre la Vie.''

Une conversation de quinze minutes, droit au fond des choses. Amen

Je n'ai pas fini ma tirade sur l'Église et la spiritualité au Québec.  C'est évidemment un travail en cours/ work in progress.  But you get the point...
J'ai dis qu'il fallait la foi.  J'aimerais qu'on parle du mot.

Église sur une réserve près de New Richmond, dans la Baie des Chaleurs.