About this clown

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I often feel that we're all spinning slowly... like a mirror ball. Yes, we are all mirrors to each other. And so, it is the Light between us that I hope to help reveal and celebrate. /// J'ai souvent l'impression que nous sommes une boule disco qui tourne lentement. Nous sommes tous des miroirs pour les uns les autres. C'est donc la lumière qu'il y a entre nous que j'espère contribuer à souligner et à célébrer.

Monday, October 9, 2017

Remplie à Hollow Frog Farm

Dans quelle direction partir?  Ou simplement rester ici?

Je suis à Hollow Frog Farm depuis six jours. Et d'ici je voyage, vers les confins de nombreux univers... 

Mais d'abord: Qu'est-ce qu'Hollow Frog? C'est un petit paradis... under construction. C'est surtout Françoise & Achille, un non-couple d'habitants auto-proclamés. Deux beaux hippies qui ont pris racines au creux des Kootenays.



Sara et moi sommes atterries ici grâce à la plateforme HelpX.net. (Dziekuje!  Emil et Roksana!)
HelpX is an online listing of host organic farms, non-organic farms, farmstays, homestays, ranches, lodges, B&Bs, backpackers hostels and even sailing boats who invite volunteer helpers to stay with them short-term in exchange for food and accomodation. (site web)

Lundi après-midi. Nous étions en train d'installer notre tente dans la petite clairière autrefois utilisée pour le teepee, lorsque le téléphone de Sara a sonné. C'était le centre Vipassana de Merritt, B.C. lui annonçant qu'une place venait de se libérer et qu'ils en étaient à elle sur la liste d'attente.  La retraite débutait mercredi soir.  Gros changement de plan... mais pas de doute : elle l'avait tellement souhaité cette retraite de méditation! 

Elle avait une journée pour réaligner ses plans, faire son baggage, organiser son transport vers Merritt, et digérer la réalité (anticipée) de ce qu'allaient être ses deux prochaines semaines... 

J'ai bien sur, pour ma part, été ébranlée pendant un court moment. Nous avions déjà si bien connecté, toutes les deux, avec nos hôtes. Mais rapidement je me suis rappellé que tout est PARFAIT. 

Qui plus est, je ne détestais pas l'idée de camper seule pour un moment. Les deux matelas de sol et huit couvertures pour moi toute seule: wouhou!


Me voici donc dans ce petit paradis de Frog Hollow, mais pas réellement seule car nous sommes cinq au total. Emma et Nick sont ici depuis environ deux semaines. Emma & Nick sont des ''woofer-helpers'' originaires de l'île-du-Prince-Édouard.  Nick à vingt-sept ans et bourlingue et travaille au BC depuis environ sept ans.  Emma, vingt-deux ans, étudie en Foresterie mais n'y retournera pas avant janvier.

Ensemble, nos tâches sont d'aider dans le jardin et à la construction de ''la maison d'Achille.'' Et du coup, me voici en train d'apprendre à construire ... une maison de ballots de paille! 



Le rêve! 


Pour celles et ceux qui se posent la question:
un mur de ballots de paille fait dans les 17R.

Une première job de maçonnerie réussie!

Et ce soir c'est Thanksgiving. Et Françoise me faisait la remarque qu'il est triste que nous les francophones n'ayons pas cette tradition, ni ce mot d'ailleurs. Apparemment, la gratitude ne se verbalise pas aussi facilement en français. What?! Eh oui! Françoise est québécoise! 
Et Achille aussi d'ailleurs. Mais il a vécu les cinquante dernières années en dehors du Québec, entre San Francisco, le B.C., et le reste du monde. 



Ce soir c'est thanksgiving et je suis reconnaissante pour chacun des repas pris ici depuis six jours. Je suis reconnaissante pour tout le travail de Françoise dans le jardin, pour les pommiers et pour le gruau du matin. Je suis reconnaissante pour les poêles à bois et les perceuses électriques, les scies à onglet et les bancs de scie. 

Je suis reconnaissante pour la secrétaire du chiropracticien que j'ai consulté vendredi, qui me raconta qu'elle avait étudié à Concordia... avant de faire jouer du Harmonium dans la salle d'attente!  

Je suis grateful aussi pour tout ce que travailler avec Achille fait remonter d'émotions en moi: vouloir être bonne, autonome, efficace et rapide alors que lui est en réalité très peu organisé et qu'il faut faire preuve de beaucoup de patience, de flexibilité et d'humilité. 
Cela créer parfois des tensions. Mais... on en discute. Transparency.
    
On se retrouve comme en famille.... mais ça n'a rien à voir avec la nation d'origine. Le lien est spirituel. Il est fort et indéniable. Il provient du fait de pouvoir parler une même langue, en anglais comme en français... une langue du coeur, de recherche de conscience. Quel miroir! 

Au fil de nos conversations, Françoise et Achille m'ont parlé de divers enseignants à découvrir: Byron Katie, Thomas Huebl, Kim Eng... Anthony De Mello, Mooji... tant de ressources dont j'avais tellement besoin!  Car on ne nous enseigne pas ces choses à l'école: les émotions, la pleine conscience, les projections du mental...  le shadow work. Et pourtant, ce sont les outils et les pratiques qui traitent le plus directement de nos vies quotidiennes: nos relations, nos humeurs, nos perceptions et nos choix.


''Are you listening, as most people do, in order to confirm what you already think?'' - Anthony De Mello



Phil et sa famille habite une petite maison autonome tout
près de l'emplacement de leur future demeure: potentiellement la plus
grande maison de sacs de terres jamais construite!

Au travers de cela, quelques lectures des publications de Kay Linda Kivi, autrice et poêtesse (son blogue ici) locale. Tellement locale, qu'elle est voisine et amie d'Achille & Françoise. 

K.L. habite avec une dizaine d'autres personnes sur la ''MAA Land Co-operative''. Juchée sur la face ouest d'une impressionante montagne, cette bande de Queers sauvages et partiellement polyamoureuse vie en quasi-autarcie. 
Le rêve.

Je travaille donc mes mains, mon coeur, ma conscience et mon corps. Au studio Shanti, j'ai découvert une instructrice de yoga qui me fait carrément tripper.  (Mmh.. Et si je décidais de faire mon teacher training ici?) Joy Morrell est une yogini qui pratique depuis quarante-huit ans. En soit, ce fait n'assure pas l'excellence, c'est vrai. Mais Joy... c'est une encyclopédie! Son cours, qui dure une heure et demie, est un festin de nouvelles connaissances sur l'anatomie et la bioméchanique.  

Ça me sidère d'y songer: on ne connaît pratiquement rien de notre propre corps!  C'est notre relation primordiale, notre habitacle permanent, notre messager le plus fidèle et notre temple quotidien. On y passe toute notre vie, et on y prête si peu d'attention. 

''Ce ne sont pas les muscles qui sont raides, ce sont les fasciae qui demandent à ce qu'on respecte leur tempérament. Un muscle est toujours prêt, au garde-à-vous! La fascia, par contre, n'exécute pas aussi promptement. Elle a besoin de douceur et de persévérance.'' (Paraphrase de Joy)
J'aime. Même si j'ai les fasciae plutôt hypertoniques.

Bref, j'apprends. J'apprends des tonnes. Amen!

Friday, October 6, 2017

Health & Yoga

(English below)

J'ai commencé à m'informer sur les moyens pour faire un peu d'argent tout en étant nomade. J'ai donc pensé joindre l'agréable (écrire ce blogue) à l'utile (générer un peu de sous) en m'inscrivant à un programme d'affiliation. Je viserai évidemment des programmes qui réflètent mes valeurs et mes intérêts.

J'ai trouvé ce site internet très intéressant: HealthAndYoga.com. On y trouve des articles de yoga et de massage, des retraites, des produits naturels, des bijoux, etc.  Je vous invite à le visiter en cliquant sur les annonces, et si quelque chose vous plaît, vous pourrez obtenir 5% de rabais en utilisant mon code de référence: Eve3871. Tant mieux si tout le monde en profite!

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I've started to research some ways to generate a bit of income while being nomadic. I thought I'd join fun (writing this blog) and usefulness (generate income) by joining affiliate programs. I will, of course, be looking for companies and programs that suit my values and interests.

For now, I've found this website called HealthAndYoga.com. It has yoga and massage props, books, natural health and care products, jewelry, etc. I invite you to visit it by clicking on ads that make you curious, and if you find something you want, you may get 5% off by using my reference code: Eve3871.  It's a win-win deal!

Thursday, October 5, 2017

Trump

This is actually a post that I wrote after the last American elections. I hadn't finished it then, so I picked it up just now to tighten iup the ends a bit. This is of course only a minuscule fraction of what I could say on the topic. But for now...

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(I haven't written much over the past three or four years. I've been busy, I've been learning a new trade and it's taken my mind space. I miss it. I write on paper sometimes but it's completely different than this. Oh! Keyboard, my ol' friend!)

I'm coming here today because my stomach hurts. I'm full of it, and I so I remembered that writing has been my way of coping with overflows. So here I am.

Trump.
One word.
so much meaning.
I've been trying to wrap my mind around it.

Is it all because the electoral system is just fundamentally non-democratic? After all, anybody taking a bit of time to learn about, and reflect on, the working of a parliamentary system, is bound to find that there are some deep short-comings (and it's a euphemism) to all of them. It's as if they were set up to be undemocratic, just a small step away from the monarchic system and its aristocracy. Just a blink in the blanket of history. 
We have to have a conversation about this.


Or perhaps it's, after all, a pretty fair system to ''govern'' a group of people. Perhaps people are not as rational as the Enlightenment philosophers believed and wrote. Perhaps we're being told that we are rational, and that it gives us great potentiality, but at the same time we're being fed and led, like animals, irrationally. 

Perhaps this is the best that can happen for the moment. 
Perhaps people really massively decided to elect Donald Trump ... instead of Hillary Clinton.

And blablabla, how much because she's part of the "political elite'', a.k.a. the establishment. That's what he used to vilify her. How much because she is a woman?

I absolutely agree that the establishment needs to go. In that sense, Hillary's election would actually have been ... disappointing.( That's another euphemism) She's certainly corrupt, involved in a-legal activities, hanging out with Freemasons, etc. She's certainly had to step on many heads to get to the top.

But Trump?!

Is this yet another symptom of that rampant feeling of powerlessness, of that crisis of social anxiety? And it's acting out and coming out in the form of this nihilistic gesture, this "fuck off'' to the face of the world, this collective act of self-denigration?

Or was it truly hope that motivated these electors?  
Couldn't be.  
Fear, most likely. And that's not a climate to choose a leader. 
That's why people choose their own dictators.

Monday, October 2, 2017

Je suis allée à la ''Church''...

Ce matin, je suis allée ''prier''.

Le réveil n'avait pas été facile. Ce mal de tête, qui avait débuté juste avant de me mettre au lit, persistait toujours. Notre nuit avait été interrompue par les cris d'une femme qui semblait un peu saoule : '' Hey! Dude! Where the fuck are you from?'' Il devait être minuit lorsqu'elle nous réveilla pour se mettre à gueuler ... à n'en plus finir.

Il nous fallait emballer la tente et tout le campement afin de quitter le site. Ma chérie nous prépara le petit déjeuner, et j'espérais qu'un peu de caféine saurait apaiser mon mal de tête. 
Première bouchée de toast au beurre de peanut : haut le coeur. ''Respire Ève, ne t'emballe pas. Sois positive... '' Et vlan! D'un geste maladroit je me suis renversé mon café dessus! ''Grrrrr'' Comme le disait si bien Alanis: ''And isn't it ironic?'' J'avais attendu ce dimanche matin (euh oui, j'écris à quelques jours de décalage) toute la semaine, et le jour finalement venu, mon corps et mon humeur ne sont pas du tout en état.  Mais qu'à cela ne tienne : je savais que je devais me rendre à la ''Church''. Qu'importe que je sois quinze minutes en retard... J'enfourche mon vélo, je prends conscience de la brise sur mon visage. Moment présent. Premier octobre.

Onze heure et quart donc, je franchie les portes et monte l'escalier menant à la salle de ''prières'' : bienvenue au Moving Center de Nelson!  J'enlève mes bottes et je souris. Sur le banc à côté de moi arrive un barbu rouquin d'une trentaine d'année, accompagné d'une enfant qui n'a pas encore deux ans. Suce au bec, elle grimpe sur son papa et attend qu'il ait retirer ses chaussures. Elle n'est pas du tout intimidée par l'environnement ; ce n'est pas sa première fois.

Je passe mettre des vêtements confortables et j'entre enfin dans le studio. L'endroit n'est pas très grand, mais il y a assez d'espace pour tout le monde. Il y a des femmes et des hommes de tous les âges, de tous les styles, de toutes les formes. La musique remplie déjà la salle. Au devant, un humble autel paré de quelques objets : du bois flotté, une statuette, quelques chandelles, et des cartes de tarot.

La plupart des participant-es sont au sol et s'étirent tranquillement ; d'autres sont déjà debout, certain-es méditent. Plusieurs ont les yeux fermés et prennent contact avec le rythme, avec leur rythme. Le papa roux et sa petite fille dansent à la fois ensemble mais séparément. Il bouge au sol et elle fait sa gymnastique sur son lui.  Je regarde ces enfants, jeunes filles et jeunes garçons de quatre à sept ans, et je me dis que c'est un merveilleux cadeau pour eux de partager cet espace avec leurs parents.

Il n'y a que quelques règles à suivre : 1) on ne parle pas, 2) on ne consomme pas d'alcool ou de drogue, 3) on se respecte, évidemment, 4) on DANSE.

Une heure et demie de pure liberté! Une heure et demie d'écoute et d'exploration. Si je veux faire de grands mouvements, si je veux ramper par terre, si je veux prendre une pause pour m'étirer ou juste respirer, si je veux laisser aller mes hanches ou faire du crumping ou marcher sur les mains, je le fais! Et chacun-e en fait autant! Chacun-e ses besoins et ses impulsions, chacun-e son amplitude et sa façon de vivre la musique.

C'est du bonheur pure! Impossible de réprimer mon sourire et ma joie. Sans mots, je croise des regards qui communiquent la même allégresse. Ça, pour moi, c'est la meilleure communauté de prière qui soit! Authenticité, respect et liberté pour une communion des plus guérissantes. That's why they call it Dance Church! (Et aussi, surtout, parce que c'est le dimanche matin.)

Comme c'est régulièrement le cas, j'observe que mes pensées vont du côté ... du partage.  Je me dois de l'admettre : j'aimerais tant contribuer à partager ce type d'expérience avec de plus en plus de personnes !

J'imagine une sorte de Dance Church à Gaspé. Je vous sais avoir besoin de danser aussi, mes ami-es! Et j'aimerais vous voir danser, parents vivants accompagnés de vos enfants vivants. Je n'ai aucune difficulté à le visualiser. Le paysage sur lequel donne la fenêtre du studio est pratiquement copie conforme: une impressionante montagne de forêt mixte, colorée. C'est simple, tout ce que ça prend c'est un système de son, un mix de musique qui nous emmène doucement sur une courbe rythmique progressive, et de la volonté.

C'est donc aussi ce mouvement que je souhaite explorer, appellons le ''Conscious Dance''. Est-ce que ça sonne mieux en anglais, ou c'est juste moi? Il en existe toutes sortes de types, la recherche ne fait que commencer.  Mais déjà pour moi il est clair que le butoh en fait partie autant que le 5 rythmes ou ma dernière découverte, le SoulMotion.  J'ai donc l'intention de continuer mon exploration et qui sait, peut-être aurons-nous la chance de partager un plancher sous peu... Je suis peut-être en train de trouver un fil conducteur, une façon de définir cette expérience qui me fait vibrer.

Amen!



Ps.  Je suis sincérement touchée que vous preniez le temps de me lire et de me répondre. J'aimerais vous encourager à m'écrire vos commentaire directement sur le blogue. Ça le fait vivre :)

Friday, September 29, 2017

Méditations transcanadiennes

Une semaine et demie plus tard …  Pacific Time. Nous sommes arrivée à destination : Nelson. 


Art de rue, Toronto

Si je me suis faite silencieuse ces derniers jours, c'est qu'il est difficile d'écrire en mouvement. C'est aussi parce que les idées prennent parfois du temps à prendre forme.  Je vous rapièce donc des bouts d’écrits composés au fil de la dernière semaine... 

Samedi le 23 septembre.

Ça fait combien de jours qu’on roule ?  Est-ce si important ? Maintenant sur la Route 3-W, Saskatchewan, en direction du site historique de Batoche (sur lequel j'aurais sans doute quelques considérations à partager). Nous venons tout juste de dire aurevoir à nos covoitureurs, Emil et Roksana, un couple de jeunes backpackers polonais avec qui nous avons tracé deux milles huit cents kilomètres depuis Milton, ON. L’expérience n’a pas été ... époustouflante, mais elle a été fluide, simple et douce. De beaux moments de partage et de silences, le mélange parfait.

Musée de Batoche, fermé le samedi!
Nous y avons tout de même pris notre petit déjeuner, en compagnie d'une chienne errante très gentille, et de la propagande du gouvernement fédéral.


Ce que j’ai appris au cours des derniers jours…

1. Warsaw serait apparemment la capitale des restaurants végétaliens. Tiens donc!

2. Le Haut-Canada n'en fini plus de finir ! Majestueux de ses forêts et de ses grands lacs, Long-Tario, mais après trois jours de route, on en vient presque à croire que Winnipeg est un mythe ! 

Malgé l'arrière-plan aux couleurs de carte-postale, je n’ai malheureusement pas aperçu d’orignal s’abreuvant au bord d’un lac. Pas d'ours noir non plus, si ce ne sont que des trophés de chasse tapissant les murs du bureau d'accueil au camping où nous avons passé une nuit.

Heureusement qu’en Long-Tario nous accompagnaient les inuksuit. Ceux et celles qui ont emprunté la transcanadienne dans cette province pourront me valider : des centaines d'inuksuit sont érigés sur les flancs rocheux bordant l’autoroute!

Du coup, dans mon imaginaire, ce sont autant de guerrilleros amérindiens qui vivent dans les bois environnants et s’assurent, de par ces installations empruntées à leurs cousins Inuits, de demeurer présents à notre conscience … Ils jouent à cache-cache, ils nous épient. Ce sont encore et toujours les véritables habitants de ce grand territoire… 
‘’Inukshuk est un terme inukitut composé des morphèmes inuk (être humain) et –suk (substitut, agissant à la place de) signifiant ‘’ce qui a la capacité d’agir comme être humain.’’ (Wikipédia)
Mon imaginaire se voit conforté lorsque je dénombre les ‘’Trading Posts’’ ponctuant les villages traversés. Qu’importe si les ‘’postes de traite’’ vendent aujourd’hui des mocassins fabriqués en masse et des capteurs de rêves dont les plumes sont faites de plastique. Oh! Et qu’importe si les petits bonhommes de pierre sont fabriquées par des touristes ignorant la signification culturelle de leur land art.

Mon imaginaire et ma fibre philo-politique s’en trouve alimentés; mon sens de l'ironie aussi.

Dans mon esprit, certainement, des traces de l’archétype du ‘’noble sauvage’’.  À défaut de nourrir de véritables relations avec des membres de Premières Nations, j’objectifie et j’idéalise sans doutes un monde que je ne connais pratiquement pas. C’est un monde que j’aimerais pourtant rencontrer. Pourquoi donc ? Parce que j’aimerais bien marcher le pont qui sépare nos expériences, entrer en dialogue pour alimenter ma réflection, discuter des enjeux qui nous touchent toutes et tous et de la complexité inhérente à la recherche de solutions. C’est plus que de la curiosité, c’est l’espoir de pistes. Car ... il faut bien qu’il existe autre chose que des Tim Hortons et des Walmart sur cette terre !

(Je cherche une carte géographique qui ferait état de l’emplacement des Premières Nations sur l’ensemble de l’Amérique. Quelqu’un sait où je peux trouver cela ?)

...

Les outardes nous survolent de leurs grands V migratoires.  ‘’Wawa, sœurs et frères !’’ La température est froide, vraisemblablement plus froide que la normale de saison. Nous avons la tente mais jusqu’à présent nous campons plutôt dans la voiture, banquette arrière rabattue. Stationnées clandestinement dans un quartier résidentiel de Thunder Bay ou près d'un petit lac quelque part au Nord de la Saskatchewan, nous nous endormons avec un léger sourire et un petit fond d'adrénaline.

Thunder Bay
Prairies... Manitoba?
Quelque part en Saskatchewan...






...

À l’annonce de notre départ, vous nous disiez: ‘’Wow les filles ! Je vous envie. Ça prend du courage de tout lâcher comme ça…’’ En vérité ce qui est le plus difficile dans notre nomadisme, ce n’est pas la peur de l’inconnu ou l’insécurité financière. Le plus grand défi est de se nourrir convenablement.

C’était comment la grande traversée jadis ? Les coureurs des bois sortaient leur petit poêle Coleman ultra-léger-et-performant, leur gamelle MSR en stainless, et se concoctaient de bons repas équilibrés contenant nombre de légumes frais et de grains entiers ?

Bien sur que non. Alors comment faisait-ils?  C’est pour moi la problématique principale, le besoin le plus primaire et la réalité la plus questionnante. Je me dis qu’au fond tout est question de choix. Il s’agirait de s’arrêter quelques heures pour cuisiner de bons repas chauds, mais encore... on la prend où notre nourriture nourrissante? Ils la prenaient où leur bouffe les grands explorateurs avant la venue des dépanneurs et des fast-food de haltes routières ?


L'abondance dans le jardin de Wani & Lara
Milton, ON.
En vérité, la traversée en est devenue un peu déprimante. Car qu’y a-t-il de plus déprimant qu’une épicerie de grande surface ? Une trois cent quatre-vingtième succursale de Subway peut-être. Je n'y peux rien, ça m'enrage et je ne sais pas quoi faire de mes émotions : agriculture empoisonnée, élevage industriel, produits transformés... C'est peut-être dans cette réalité que se trouve la réponse: vaut mieux se sédentariser et cultiver son petit lopin de terre. 
J'en étais en fait venue à cette conclusion déjà, il y a quelques années. Or pour espérer devenir propriétaire, il faut plus souvent qu'autrement vendre son labeur à autrui. 

Je cherche des réponses et je vois bien que les grandes questions demeurent: nomade ou sédentaire... Caïn ou Abel, c'est le même combat. 

Si petite

Monday, September 18, 2017

Le privilège du road trip

Le privilège du road trip

Sur la 40 en direction de l'Ouest, je demeure consciente de mon privilège. Je suis blanche, élevée francophone dans une province dirigée par des blancs francophones. Mes parents, aujourd'hui de classe dite moyenne, ont bénéficié des apports de la révolution tranquille. 

Avant eux, mes grands-parents labouraient les champs ou vendaient leur temps aux usines.  Certains de mes ancêtres sont partis pour les États-Unis pour obtenir du boulot. Nous n'appartenons pas au territoire... nous habitons le capital. 

Merci d'ailleurs à Dalie Giroux, professeure associée au département de pensée politique de l'Université d'Ottawa, qui, lors d'une discussion animée il y a quelques semaines à Gaspé, m'a beaucoup éclairée dans ma réfléxion sur le lien au territoire. ''Je n'ai pas de rapport au territoire,'' dit-elle, ''je mange de l'argent.'' Voici une vidéo vous la présentant...




Et pour poursuivre dans la réflexion sur le privilège et l'oppression...

Je suis une femme, et je suis en couple avec une autre femme. Comment est-ce que cela va influencer notre périple, nos rencontres, nos expériences?

Nommons tout cela : l’intersectionalité. Consciente de mes privilèges et de la domination à laquelle ont participé, indirectement ou directement, mes ancêtres, consciente aussi des micro-agressions que je subis quotidiennement, je m’apprête à traverser, en voiture à essence, des miles et des miles de territoires arrachés et volés aux nations autochtones.

Canada 150e, tu me dégoutes un peu beaucoup. Tu me fascines. Toujours la même propagande. J’ai mon passeport pour entrer gratuitement dans tous les parcs nationaux, mais personne n’a cru bon de nous faire prendre conscience de la violence inhérente à la construction de notre pays.  Personne (ou très peu de gens) ne croit bon de créer les espaces pour digérer, émotionnellemnt, ce que cela signifie.
Une chance, Sara a découvert une balado qui va nous en apprendre beaucoup, je crois...



Dans l'épisode 1 de The Secret Life of Canada, les productrices-animatrices nous présentent l'histoire méconnue de Banff. Elles explorent quand et comment les nations Stoney Nakoda et Siksika ont été chassées de la région, ainsi que la façon dont le village a été construit : par le travail forcé des prisonniers Ukrainiens durant la Première Guerre.

Le devoir que je me donne avant d'arriver au Lac Louise, c'est d'éplucher les notes associées au podcast sur le site Passport2017.


Le Canada, pour moi, c’est l’histoire d’une entreprise commerciale. C’est une colonisation financée par l’appât du gain, un chemin de fer s’arrogeant les territoires et les vies de Métis et autres peuples, une entreprise d’assimilation vicieuse, de beaux discours sur les droits et les libertés qui au fond cachent le grand jeu du capital. Un État hypocrite. Pléonasme!  Un État paradoxe? Peut-être.


Il y a beaucoup à découvrir sur ce grand territoire. C’est une sacrée opportunité que nous prenons là. I am very grateful for it. I want to be mindful of it.