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I often feel that we're all spinning slowly... like a mirror ball. Yes, we are all mirrors to each other. And so, it is the Light between us that I hope to help reveal and celebrate. /// J'ai souvent l'impression que nous sommes une boule disco qui tourne lentement. Nous sommes tous des miroirs pour les uns les autres. C'est donc la lumière qu'il y a entre nous que j'espère contribuer à souligner et à célébrer.

Friday, November 2, 2012

Intarissable et prolétaire

C'est affreux, j'ai le bout des doigts démolis: craquelés, coupés, brûlés... Le travail de cuisine! Plus précisément encore: le problème fundamental de l'éternel récurage des choses.  L'éternel récurrence de la vaisselle sale.
La job de ''cuisinière", en fait, c'est vraiment pas du gâteau. ah! ... Au fait, peut-on déclarer être des cuisiniers, en bonne et due forme?  Bonne question.  Certains parmi nous le sont sans aucune doute; ce sont ceux qui créer et qui préparent les ''plats du jour''.
Moi... je fais le brunch du weekend et les soirs de semaine, je suis la bible - comme dans 'suivre' - des recettes Touskiennes, je fais ''de la prep''.

Une nouvelle vérité se formule en moi depuis un certain temps.  C'est une vérité qui me rend un peu inconfortable, mais que j'ai de plus en plus envie d'accepter et de partager: j'aime que mon travail soit mécanique.
Je n'aurais jamais cru m'avouer cela: je fais bel et bien partie de la classe ouvrière!  (L'ouvrier se définit comme un salarié qui effectue un travail manuel.)  Je suis en quelque sorte, donc, une prolétaire!  (Quoiqu'on définisse le prolétaire comme ''quelqu'un qui vit uniquement de son salaire'', et que cela ne me semble pas tout à fait juste.  Je vis aussi d'amour, et d'eau presque fraîche - plutôt filtrée, désinfectée, et chlorée.

Or le fait demeure: ce travail manuel, physique, dangereux, je l'effectue pour un salaire plutôt médiocre.

Mon travail est pourtant noble - dans le sens qu'il est moral, et qu'il y a une fierté à retirer du fait de travailler à offrir de la bouffe maison concoctée à partir de produits le plus saisonniers, locaux et équitable possible.
La restauration en soit est peut-être un luxe.  En cela, le domaine ne répond certainement pas aux grandes problématiques sociales auxquels plusieurs autres nobles métiers font face.  La restauration ''moderne'' n'est peut-être pas fondamentalement nécessaire, mais elle représente, depuis son avénement et désormais, sans contredit, un phénomène vecteur de culture.

Mais je tergiverse encore!  Revenons-en donc au point de départ qui était tout simplement, mais absolument douloureusement, le fait d'avoir les doigts démolis et de réaliser que je fais partie de la classe ouvrière.

Je dois avouer que ma relation avec le concept du travail d'exécution, en opposition avec le travail de gestion ou de création, par exemple, est un peu ambivalente.  En outre, il m'est forcé d'admettre que la division des classes demeure un fait bien réel et que l'analyse de Marx est toujours aussi pertinente.
Au fait, saviez-vous que Karl Marx lui-même ne décrivait pas seulement deux classes sociales:
Dans son ouvrage Les Luttes de classes en France, il définit sept classes sociales2 :

  • l'aristocratie financière
  • la bourgeoisie industrielle
  • la bourgeoisie commerçante
  • la petite bourgeoisie
  • la paysannerie
  • le prolétariat
  • le lumpenprolétariat

Ne peut-on pas associer ces termes - une fois nuancés, bien entendu - aux phénomènes de classes perçus dans la société d'aujourd'hui?  D'abord et indéniablement: l'aristocratie financière et la bourgeoisie industrielle, nos banquiers et nos PDGs... le 1%.

Les 100 chefs d'entreprises du Canada les mieux payés ont gagné en moyenne 7,3 millions de dollars en 2008.
La rémunération de ces dirigeants représente 174 fois le salaire moyen d'un travailleur canadien.
C'est ÇA qui est le plus fâchant.

Car mon problème n'est pas l'existence de la classe ouvrière.  (C'est celui de la classe ''lumpenprolétaire'', par contre!)
Non, le problème c'est le manque de valorisation du prolétariat.

Mon problème c'est que celles et ceux qui travaillent dans les milieux de l'éducation et des soins ne soient pas mieux reconnus.  On ne comprend rien de ce que mijotent les grands chefs dans leurs tours de béton.  On leur concède le droit d'accumuler des millions de dollars sous prétexte qu'ils sont les dirigeants de nos sociétés.

Je me demande combien de leurs décisions servent le bien-être de la société globale.  Je me pose la candide question:  pourquoi un PDG gagne plus qu'unE technicienNE en garderie?  (Quelqu'un peut me répondre?)

L'une des résultantes néfastes de la mondialisation, c'est que l'intégration des marchés et des systèmes financiers permet une telle mobilité du capital qu'il est tout ça fait naturel pour ceux ''qui détiennent les moyens de productions'' de ne pas ressentir la connexion avec les milieux - humains et naturels - qu'ils exploitent.
Des relents de colonisation.

Pourquoi serait-ce si fou de vouloir imaginer une société plus juste?  Pourquoi certains devraient-ils nager dans le luxe en étant confortablement assis dans leur chaise ergonomique, alors que d'autres se détruisent le corps pour un salaire à peine suffisant pour s'occuper de leur santé?

Travailler en coopérative c'est s'offrir l'opportunité de redéfinir ''business as usual''.  Nous sommes des travailleurs manuels de l'industrie du service, des êtres intelligents et créatifs prenant soin d'un espace dans lequel la culture s'enrichie et se diffuse.   
Nous tentons l'expérience pratique d'une utopie égalitariste.  Nous ne possédons pas tout à fait nos moyens de production, ou même notre loyer, mais nous n'avons pas de patron!  
Nous sommes les seuls administrateurs de nos affaires, nous procédons par l'assemblées générales; nous sommes notre propre conseil d'administration.  Nous cherchons à démontrer qu'il est possible de mener une entreprise de façon radicalement différente, décentralisée et diversifiée: humaine... organique.


J'ai le bout des doigts craquelés, brûlés, coupés, démolis.
J'ai l'inspiration à grand feu et je bouillonne de réalisations.
Je suis fière, et je suis agacée.

Je vous offre ces quelques réflexions, quelque chose à grignoter.
Je vous invite, comme toujours, à venir ajouter vos propre épices, vos commentaires et questions, à ce grand bouillon...



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