Poème d'Alejandro Jodorowsky, extrait du libre Le Chant du Tarot
(traduit de l'espagnol aux éditions Le Relié)
Commentaires à suivre dans un prochain blogue...
L'Empereur (4)
Ce n'est pas moi qui soumis à l'horreur du vide
fuirais le lieu véritable sur les traces d'un rêve devenu patrie.
Mon présent n'est pas la prolongation d'un hier inacceptable,
l'avenir ne me tombe pas sur la nuque comme un store métallique
et toutes les ombres du monde ne peuvent me dévorer.
Du navire des ténèbres je suis la clairvoyante figure de proue,
l'abeille dorée qui guette sous chaque lettre, la clé qui ouvre les dimensions scellées
l'ouvrier qui construit un manoir infini, l'oeil qui palpite au ventre du hasard
Comme le vol héroïque d'un aigle blessé, je vais plus loin que là où cessent les mots.
Entre accords, nuances et structures, je permets que l'illusion accède à la beauté,
j'octroie un projet aux décombres, je convaincs le chaos d'accoucher d'un ordre,
j'accepte d'être le cri d'espoir que poussent les pierres.
Ni le scorpion des jugements ni le cobra des doutes ne peuvent me séduire.
L'important n'est pas un déguisement du banal, le nécessaire n'est pas un farce du hasard,
ce qui dure n'est pas un soupir de l'éphémère, la vérité n,est pas un poisson aveugle dans l'océan sans fin...
Qui ignore les menaces de la lune et humblement accepte ma présence
prend possession de l'épée qui resplendit dans les entrailles de l'âme.
Chant secret des os dans la fragilité des traces,
pilier de marbre vif parme le labyrinthe létal du lierre,
montagne qui donne un sens au vol fugace des luciole,
refuge pour le marcheur qui avance les pieds en sang
Comment ne pas donner du pain aux affamés ? Comment ne pas humilier le superbe?
Je décortique les verrous de fer, hé libère les déchus de leur ruine,
j'expulse de la langue l'immondice, les battements de mon coeur dictent les Lois.
Inexorable essaim, autour de mon sceptre tournoient les ancêtres.
Comme un pont sur les tranchées du temps nous avons uni la racine de nos esprits,
bu le sang de bêtes impitoyables, tiré des flèches pour dominer le vent,
sur des têtes coupées élevé des temples, enroulé nos pénis dans du cuir de serpent,
avec un masque d'oiseau et un couteau vert, soumis le règne des morts
Où mon trône peut-il s'élever sinon au centre du firmament?
Entre l'arôme fécond de la cime et l'haleine viscérale de l'abîme,
j'échange les cornes de mon front contre une couronne qui impose l'obéissance.
Sperme où s'unit la folie de l'eau avec l'ardeur du désert,
dans mon oreille interne j'entends le chant de net milles oiseaux blancs.
Cesse de te sentir un fils abandonné, pour t'éveiller accomplis ce qui t'épouvante,
accepte que ton corps soit un rêve, fais du temps un battement du cil,
déracine de ta langue les concepts, transforme ton nom en brasier,
n'offre pas de résistance à l'abandon, demande au vent qu'il efface ta mémoire,
renonce à marquer un territoire, transforme les frontières en corde d'arc,
agit comme un complice du cosmos, déguisé en mouton entre dans la gueule du loup,
avec l'obstination d'un roc, persévère. Un jour, jetant des flammes comme un soleil de chair, tu te changeras en Sa personne.
Tu seras alors le seul propriétaire de toi-même.
About this clown
- Ève
- I often feel that we're all spinning slowly... like a mirror ball. Yes, we are all mirrors to each other. And so, it is the Light between us that I hope to help reveal and celebrate. /// J'ai souvent l'impression que nous sommes une boule disco qui tourne lentement. Nous sommes tous des miroirs pour les uns les autres. C'est donc la lumière qu'il y a entre nous que j'espère contribuer à souligner et à célébrer.
Wednesday, February 8, 2012
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