Tout quitter et faire le tour du monde pour se trouver soi-même. Un classique.
Fidèle à moi-même - et cela fait énormément de bien - me voici donc à méditer sur les courants à la fois émotionnels et politiques derrière mes gestes. Peut-être que certain-es se reconnaîtrons. Peut-être que ma recherche de nouvelles perspectives saura vous alimenter. C'est mon souhait.
Nous
sommes à Milton, près de Toronto, et le soleil se lève doucement au-dessus d’un
champ de soya. La rosée s'évapore et forme une couche brumeuse à l'horizon. Tout autours, les oiseaux et les insectes entonnent leur symphonie matinale. Au loin, le grondement des voitures. Je
suis assise sur la terrasse. Mon amoure et mes amis dorment encore et j’en
profite pour commencer l’aventure du bon pied et me remettre à écrire. Premier matin d’un voyage prévu pour durer neuf mois.
Hier, sur la 40 en direction de l'Ouest, nous avons fait près de dix heures de route. Au fil du bitume, intermittence entre foisonnement de pensées et abandon calme au nouveau rythme qui se dessine. Ce voyage, ce n’est
pas seulement une fuite. C'est une quête.
Mon intention ? Retrouver le feu, le battement, l’inspiration, la confiance. Renouer avec la magie, la capacité de vivre dans une créativité émancipatrice, l’évermeillement ! M'enraciner dans une nouvelle vision, une nouvelle praxis du monde.
Et pourtant je me questionne encore. J’aimais enseigner. J’aimais Gaspé. J’aimais le mode de vie
hors-réseau que Sara et moi avions choisi avec le chalet. J’aimais tout ça... mais je ne me sentais plus vivre.
L'enseignement est une profession qui a plein de beaux côtés, et nous avons de nobles intentions, certes. Mais au cours des trois dernières années j'ai vécu un sacré lot de limitations, de paradoxes et de dilemmes. Et je n’avais pas le temps de creuser, de lire et d’écrire. Il me fallait m’adapter, répondre aux attentes, suivre la cadence. Je ne suis peut-être pas faite pour le salariat. (Qui l'est vraiment?)
Ça n'a jamais changé. Il est toujours aussi urgent et essentiel de réfléchir à la question de l’enseignement publique. C'est l'avenir qui en dépend. Mon hypothèse, mon espoir? Il faut remettre tout le paradigme en question.
Il faut se donner le droit de voir le monde différemment...
On cherche mille et un moyens d'aider les jeunes à s'ouvrir au monde, à développer leurs compétences, à faire preuve d'esprit critique tout en répondant aux exigences et aux attentes de la société. On se butte souvent à leur manque de motivation, à leur dépendance à la distraction. On lutte jour après jour tout en se doutant bien que la majorité n'a pas intérêt à prendre conscience de l'immense complexité du monde actuel, de sa violence.
Cette année
j’ai envie de voir ce qu’un autre rapport au temps pourra permettre. Voir plus
large que la boucle du 8 à 4. Prendre le
temps de questionner, d’écrire, de rire, de m’ennuyer par moments, de
suivre des rencontres inspirantes, le tout en gardant le cap sur une passion
qui m’habite profondément : réfléchir sur les défis de notre temps, être
en phase avec l’essence de la Vie… chercher ce que cela signifie.
C'est beau ma chérie...j'aime te lire. Et je comprends tellement xxx
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