Changer d'air. Changer d'air et revenir au bercail. J'ai pris la route hier. J'ai quitté la belle Gaspé, emmené promener mon corps et mes esprits. Me suis ramenée en ces contrées familières.
Québec. Vieille ville de mon adolescence. Là où mes amis d'enfance ont aujourd'hui des enfants, où ils s'achètent des maisons, gèrent une hypothèque. Ils ont l'air bien, se dit en moi la voix de la petite bohème qui se ramène par ici depuis les treize dernières années, toujours un peu sceptique et perturbée.
Je marche dans le quartier St-Roch accompagnée de moi-même-à-seize-ans. Comme j'aimais le quartier! St-Roch et son ambiance trash: la vraie vie. Les rues étroites, les quartiers ouvriers. Je me sentais bien parmi les itinérants et les jeunes de la rue, parmi les problèmes de drogues et les troubles de santé mentale. Je me sentais étrangement bien au coeur de la basse-ville, loin de la banlieue. Je me sentais libre.
Or,
Comme tout le monde le sait: le quartier St-Roch a drastiquement changé depuis le début des années deux milles. Gentrification oblige, les mal-aimés côtoient les vestons-cravattes, et les nouveaux hipsters de la rue St-Joseph. Les boutiques, les cafés, les restaurants abondent. Le quartier est très vivant. Le quartier bat son plein. Mais le quartier... a tellement changé.
Et moi aussi d'ailleurs. En quelque sorte. Car je conserve moi aussi mes dessous et mes facades historiques. Je conserve mes charpentes d'adolescentes sous mes airs du temps.
J'ai cherché à quitter le berceau pour trouver le reste du monde, pour chercher de nouvelles perspectives et poser de nouvelles questions. J'en reviens quelques années dans le bagage, et rien n'a changé. La cité bat son plein.
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