On me demande, ''Qu'est-ce que tu fais de ton été?'' Je réponds que j'ai l'impression d'avoir plusieurs étés en un.
Le mois de juin fût le mois de la visite. D'abord la famille de Fred: mère, tante, grand-mère et copine. Puis la famille d'Isa: sa soeur Geneviève, et son neveu de huit ans, Léo. Lorsque tout le monde est partis, ce sont mes parents qui sont arrivés.
La fameuse colonie de fous de bassan de l'Île Bonaventure, à Percé. |
Je suis certaine que je suis bien ici, entre les montagnes et la mer... comme à San Francisco.
Nous sommes bénis par la présence d'un soleil ardent et généreux. Les vents dansent sur les flans de falaises et sur les plages. Je découvre les oiseaux: pics-bois, corneilles, bruants, martin pêcheurs, hérons, cormorans, hirondelles, colibris, mouettes et fous de bassan...
Notre belle maison si accueillante est soudainement vide et je me retrouve avec moi-même comme seule intra-locutrice.
Tout ça est une question d'équilibre et de ré-adaptation. Suis-je déstabilisée? Un peu, mais je m'en sors plutôt très bien, depuis deux jours. Ce que je fais de tant espace-temps? Je converse avec ma solitude, bien entendu. Je saisie l'occasion pour me faire du bien, me sortir, bien manger, et me reposer. Mes pensées partent dans tous les sens mais je les ramène vers moi pour apprendre de leurs messages. Mes désirs? Mes craintes? Qu'ont-ils à m'enseigner?
Je m'approprie l'espace et je fais ce que je veux. Je remarque que ma relation avec la bouffe est différente, plus zen, lorsque j'ai la cuisine à moi toute seule. J'ai envie de cuisiner des petits trucs tout simples et frais. Mon tapis de yoga est étendu dans le salon, près de la guitare et des partitions qui traînent ici et là. J'ai installé mon ''bureau'' sur la table de la cuisine. J'y fais mes prestations de chômage. J'écoute la musique dont j'ai envie et quand je le veux, dedans et dehors. Je danse sur le balcon, libre de tout regards. Je prie. Je me promène nue.
Mais... la solitude! |
Je me projète sans cesse dans l'avenir et dans le passé. Je suis seule avec mon esprit et ses dix milles projections. Certaines sont plus réelles que d'autres. La solitude me fascine et pour cela je la remercie.
Coucher de soleil sur Petite-Vallée |
Vent du sud-ouest. Rivière St-Jean, Haldimand. Mes pensées calent ou veulent s'envoler. C'est pour ça que je danse, c'est pour essayer de les suivre. C'est pour me laisser la chance, le droit, d'explorer le monde qui m'est présenté. Inspirée par l'air salin...
C'est pour ça que j'écris. C'est mon encrage, mon ancre. Je m'accroche à ma plume comme à l'enclume, pour ne pas décoller. Je m'accroche au stylo, un Pilot pour voir où cela pourrait me guider.
J'écris. Gaspé! Grandiose Gaspésie! Rflet de mes horizons: Ta beauté me garde à ma place. Humble et forte, je me plie devant tes grands airs... en restant debout. Or je l'admets et le chanterai: Tes grands airs me font littéralement chavirer!
Belle!
Puis Paf! enantiodromia!
Immanquablement, le sentiment d'exhaltation que produit ta beauté se renverse en moi pour dévoiler une profonde peine. Puis c'est la rage.
J'ai mal de te voir si fragile. Je suis en proie au désespoir...
(Puis je me dis que tu n'es pas si fragile; que je suis bien anthropocentriste!)
La solitude est un puit profond, qui provient de la source. Elle nous relie tous, omniprésente.
Descendez au fond de Petite-Vallée, puis tournez à droite. |
Je suis un vouloir de conscience, aspirée par l'attraction,
pressée par la résistance.
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